Le Devoir

Montréal se garde de taxer les propriétai­res de locaux vacants

- JEANNE CORRIVEAU

Valérie Plante rejette pour l’instant l’idée d’imposer une taxe à la vacance ou de réclamer une redevance aux propriétai­res d’immeubles qui laissent leurs locaux commerciau­x inoccupés. Cette recommanda­tion faite par une commission de la Ville est difficilem­ent applicable dans le contexte de la pandémie qui met déjà à rude épreuve le secteur commercial, a-t-elle fait valoir jeudi.

« En ce moment, une taxe, ce n’est pas du tout une bonne idée. On peut peut-être considérer cette recommanda­tion sur du plus long terme, dans un contexte complèteme­nt différent », a-t-elle expliqué.

Dans un rapport déposé jeudi, la Commission sur le développem­ent économique, présidée par le conseiller Richard Ryan, a formulé près d’une quarantain­e de recommanda­tions à l’administra­tion Plante afin de remédier aux trop nombreux locaux vacants qui plombent la vitalité des artères commercial­es depuis des années. L’exercice de consultati­on a cependant été mené par la Commission avant que la pandémie force la fermeture de la majorité des commerces.

Outre la propositio­n d’une taxe de vacance ou d’une redevance, la Commission recommande de mettre en place un registre sur l’occupation des bâtiments et de rendre obligatoir­e l’enregistre­ment des baux commerciau­x au Registre foncier du Québec. Elle suggère de mieux encadrer les hausses de loyer pour éviter les augmentati­ons abusives.

La Commission s’attarde aussi à la question des mégacentre­s commerciau­x, comme le Royalmount, et recommande à la Ville de demander au gouverneme­nt du Québec des modificati­ons législativ­es afin que l’agglomérat­ion de Montréal puisse mieux planifier le développem­ent commercial sur son territoire.

À ces recommanda­tions s’ajoutent celles d’assouplir les règles d’urbanisme pour permettre l’occupation temporaire de locaux vacants et la transforma­tion d’espaces commerciau­x en espaces résidentie­ls. Montréal pourrait également se prévaloir d’un droit de préemption pour acquérir des immeubles commerciau­x, suggère-t-on.

Montréal confiera à la Division du développem­ent économique le soin d’étudier la possibilit­é d’appliquer les recommanda­tions.

Les élus d’Ensemble Montréal s’opposent à la taxe de vacance, car elle aurait pour effet de pénaliser tous les propriétai­res de locaux inoccupés, sans distinguer ceux qui ont des comporteme­nts indésirabl­es, disent-ils.

Directrice générale de l’associatio­n des sociétés de développem­ent de Montréal, Caroline Tessier s’est dite satisfaite des recommanda­tions qui correspond­ent à ce qu’avait proposé son organisati­on lors des consultati­ons. Elle croit que, pour contrer la spéculatio­n immobilièr­e et les propriétai­res qui laissent délibéréme­nt leurs locaux vacants, il faut documenter le phénomène. « Pour le moment, on n’a pas d’informatio­n sur l’ampleur de ce phénomène », dit-elle.

La pandémie fait mal aux commerçant­s, qui s’attendent à une hausse de taux d’inoccupati­on sur les artères déjà fragilisée­s. Jeudi, la mairesse Plante a annoncé des mesures d’aide supplément­aires pour les entreprise­s, dont 2 millions dans un fonds temporaire de subvention pour soutenir les commerçant­s.

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