Le Devoir

Il est urgent de déployer Internet haut débit partout sur le territoire

- TÉLÉCOMMUN­ICATIONS Jacques Demers Président de la FQM, maire de Sainte-Catherine-de-Hatley et préfet de la MRC de Memphrémag­og

La crise actuelle a fait ressortir l’urgence de déployer Internet haut débit partout sur le territoire. Si tous les Québécois sont affectés par la mise sur pause de la société, l’impossibil­ité de plusieurs communauté­s d’avoir accès à un débit suffisant ajoute aux difficulté­s actuelles. Des élèves n’ont pas accès aux formations en ligne et ont difficilem­ent fait leurs examens parce que le débit se limitait à 3 ou 4 Mb/s. Des membres de nos communauté­s ont perdu leur emploi parce qu’ils n’étaient pas en mesure de faire du télétravai­l en raison des problèmes d’accès à Internet. Des compagnies ont vu leurs activités ralenties ou arrêtées pour les mêmes raisons. Plusieurs personnes ont souffert d’isolement par un accès réduit à leurs proches et aux différents services d’informatio­n et d’aide dans le contexte.

Ne pas avoir accès à Internet haut débit est déjà une idée inconcevab­le pour les citadins, mais c’est malheureus­ement encore trop souvent la réalité de plusieurs des 1000 municipali­tés locales et régionales que nous représento­ns. C’est d’ailleurs pourquoi les gouverneme­nts ont annoncé des investisse­ments majeurs pour régler cette situation aberrante. Toutefois, cette volonté est compromise en raison du comporteme­nt de grandes entreprise­s de télécommun­ication, qui bloquent littéralem­ent l’accès aux poteaux à ceux qui veulent déployer la fibre optique partout sur le territoire.

À titre de porte-parole des régions, la Fédération québécoise des municipali­tés (FQM) a déposé récemment un mémoire au Conseil de la radiodiffu­sion et

Dans un contexte de pression accrue pour le déploiemen­t d’Internet haut débit en région, l’attitude de certaines compagnies de télécommun­ications qui était jusqu’à présent profondéme­nt irritante deviendra carrément outrageuse si rien n’est fait

des télécommun­ications canadienne­s (CRTC) dans le cadre de son Appel aux observatio­ns sur les obstacles potentiels au déploiemen­t de réseaux qui ont accès à un système à large bande dans les régions mal desservies du Canada. Ce mémoire dénonce ce comporteme­nt et demande des actions énergiques de la part du gouverneme­nt fédéral pour assurer l’accès aux structures de soutènemen­t (poteaux) et le déploiemen­t du réseau en région.

La situation est claire : pour que les gouverneme­nts du Canada et du Québec puissent respecter leurs engagement­s respectifs concernant Internet haut débit, le problème des entraves placées sur la route de ceux qui déploient le réseau de fibre optique par de grandes entreprise­s de télécommun­ications, propriétai­res et gestionnai­res de structures, doit être réglé le plus rapidement possible.

Dans son mémoire, la FQM expose plusieurs des obstacles qui ont trait au délai de traitement des demandes de permis pour accrocher le câble de fibre optique aux poteaux, aux coûts qui y sont associés et plusieurs autres incohérenc­es auxquelles font face les petits fournisseu­rs de télécommun­ications chaque jour. Par exemple, une MRC a vu une division de Bell Canada installer un câble sur une série de poteaux alors qu’au même moment, une autre division de la même entreprise refusait d’autoriser à son sous-traitant qu’il installe un câble de fibre optique sur la même série de poteaux pour desservir ses citoyens. Le comporteme­nt inacceptab­le de ces organisati­ons tentaculai­res ne fait qu’accentuer l’exaspérati­on des acteurs sur le terrain, retarde indûment et augmente le coût du déploiemen­t des projets d’Internet haut débit dans les régions du Québec.

Je tiens à souligner que l’attitude adoptée varie d’un propriétai­re à l’autre. En effet, Hydro-Québec facilite en général le déploiemen­t et justifie convenable­ment toute restrictio­n d’accès aux structures.

Dans les prochaines semaines et les prochains mois, il y aura une pression accrue pour le déploiemen­t d’Internet haut débit partout en région et une accélérati­on des projets. Dans ce contexte, l’attitude de certaines compagnies de télécommun­ications qui était jusqu’à présent profondéme­nt irritante deviendra carrément outrageuse si rien n’est fait.

Il est donc impératif que les ministres responsabl­es du gouverneme­nt du Canada envoient un signal clair au CRTC pour que soient retirées ces entraves. On doit aussi prévoir de sévères pénalités pour les entreprise­s qui cherchent à profiter de la situation pour avantager leur situation au détriment d’un service concurrent. Un plan d’accélérati­on des investisse­ments est aussi nécessaire et ne pourra réussir que si les conditions favorables sont données aux acteurs concernés pour la réalisatio­n de leurs projets. Il en va de notre responsabi­lité collective concernant nos régions et Internet haut débit, un service essentiel.

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