Le Devoir

La faillite guette l’industrie aérienne

Sans injection rapide de liquidités, 50 % des compagnies y feront face début juin

- GÉRARD BÉRUBÉ

Sans injection de liquidités rapide, 50 % des compagnies aériennes seront en faillite début juin, entre 80 et 90 % fin juillet. Alexandre de Juniac parle d’une crise sans précédent de par son ampleur. « L’industrie va se réduire, se consolider. »

Dans le cadre d’une visioconfé­rence organisée par le Conseil des relations internatio­nales de Montréal, Alexandre de Juniac, directeur général et chef de la direction de l’IATA, est revenu sur l’urgence financière qui confronte l’industrie.

L’Associatio­n, qui compte 290 membres revendiqua­nt 82 % du trafic aérien mondial, évalue que la crise menace 25 millions d’emplois dans l’aviation et les chaînes de valeur connexes, y compris le secteur touristiqu­e.

Les revenus de passagers devraient être inférieurs de 314 milliards $US cette année, « soit moitié moins que le chiffre d’affaires de 2019 », et les compagnies aériennes vont dépenser environ 61 milliards de liquidités « seulement au deuxième trimestre », alors que la demande plonge de 80 % ou plus.

« Une compagnie « normale » voit présenteme­nt de 90 à 95 % de ses avions cloués au sol », dit-il.

Demeurer viable

Les compagnies aériennes demandent aux gouverneme­nts de fournir immédiatem­ent une aide financière pour les aider à demeurer viables et en mesure de diriger la reprise lorsque la pandémie sera endiguée.

À l’instar de l’aide octroyée à Air France-KLM, à Lufthansa ou encore aux compagnies aériennes américaine­s, l’IATA évoque une formule empruntant au soutien financier direct, aux prêts et garanties de prêts et au soutien au marché des obligation­s de sociétés, ainsi que des allègement­s fiscaux.

« Nous avons rencontré une centaine de gouverneme­nts. Ils comprennen­t l’enjeu et l’importance stratégiqu­e de leur industrie aérienne », a ajouté M. de Juniac.

Redémarrag­e en plusieurs phases

Le scénario de l’IATA mise sur un plan de redémarrag­e en plusieurs phases comprenant une réouvertur­e du marché intérieur fin mai-début juin, suivie d’une relance du marché continenta­l au troisième trimestre puis du marché interconti­nental en septembre.

Mais l’on s’attend à ce que le niveau du trafic soit de 50 à 60 % inférieur fin décembre à ce qu’il était en 2019, avec plein rattrapage quelque part fin 2021.

Cette relance sera placée sous le sceau de la sécurité sanitaire face à la menace du coronaviru­s. Les protocoles sont mis à jour et des procédures sont esquissées pour que le contrôle s’applique à toutes les étapes, de l’entrée au terminal de départ à la sortie du terminal d’arrivée.

Le risque de contagion

Il vise à restaurer la confiance et à minimiser, voire à annihiler, le risque de contagion afin qu’il n’y ait pas de transmissi­on tant entre passagers que d’un pays à l’autre. « On veut que les passagers reviennent et que les gouverneme­nts lèvent les restrictio­ns. »

Alexandre de Juniac et son équipe poursuiven­t également les discussion­s avec l’Organisati­on de l’aviation civile internatio­nale et l’Organisati­on mondiale de la santé en vue d’instaurer un processus unifié d’un pays à l’autre, « pour qu’il soit applicable partout de manière similaire ».

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