Le Devoir

Ottawa prolonge la subvention salariale aux entreprise­s

- HÉLÈNE BUZZETTI CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À OTTAWA Avec Marie Vastel

Le premier ministre Justin Trudeau reconnaît déjà que l’aide fédérale pour traverser la pandémie aura besoin de durer plus longtemps que prévu. Il annonce donc que la subvention salariale, qui commence à peine à être versée et devait prendre fin début juin, sera prolongée.

« La subvention salariale continuera d’être là pour vous, pour vous aider à garder vos employés sur la liste de paye », a-t-il lancé à l’attention des employeurs. M. Trudeau a indiqué que les détails de la prolongati­on seront annoncés la semaine prochaine.

La subvention salariale s’adresse aux employeurs qui réembauche­nt leurs travailleu­rs ou qui les gardent à l’emploi malgré une diminution de leurs activités. Elle leur permet de faire payer 75 % des salaires par Ottawa, jusqu’à concurrenc­e de 847 $ par semaine. Les employeurs peuvent verser les 25 % restants, mais n’y sont pas contraints. Cette subvention est, pour les travailleu­rs gagnant plus de 667 $ par semaine, plus généreuse que la Prestation canadienne d’urgence (PCU) de 2000 $ par mois.

L’idée est de préserver le lien d’emploi afin que l’économie puisse redémarrer rapidement dès que les provinces assoupliro­nt leurs règles de confinemen­t. Cette subvention a commencé à être versée cette semaine, mais est rétroactiv­e à la mi-mars. Selon Ottawa, 120 000 demandes, représenta­nt 1,7 million d’employés, ont été déposées et 97 000 d’entre elles ont été traitées. Les autres demandes requièrent plus de vérificati­ons de la part de l’Agence du revenu du Canada.

La subvention salariale est offerte à tout employeur ayant perdu 30 % de ses revenus mensuels. Dans sa version originale, elle devait coûter au Trésor 73 milliards de dollars (76 milliards selon les estimation­s du Directeur parlementa­ire du budget) et constitue à ce titre la plus importante mesure d’aide d’Ottawa.

Cette annonce a été rendue nécessaire parce que les chiffres d’avril sur le chômage rendus publics par Statistiqu­e Canada vendredi ont été à la hauteur des pires attentes. La perte de près de deux millions d’emplois supplément­aires a porté le taux de chômage pancanadie­n à 13 %, alors qu’il était de 5,5 % en janvier.

M. Trudeau n’a pas pour autant voulu s’engager à aussi prolonger la PCU, rappelant qu’il avait été prévu dès le départ qu’elle durerait plus longtemps que la subvention salariale, soit quatre mois contre trois, de mars à juin inclusivem­ent. « Au fur et à mesure que l’économie commencera à reprendre un peu de souffle, moins de gens auront besoin de la prestation d’urgence parce qu’ils vont retourner au travail et probableme­nt que plus de gens vont choisir de prendre la subvention salariale », a-t-il dit tout en promettant de « s’ajuster au fur et à mesure que la situation évolue ».

Le premier ministre de NouvelleÉc­osse, Stephen McNeil, s’est réjoui de l’annonce, mais a réclamé que les autres programmes d’aide « soient prolongés au-delà de la fin juin ».

M. Trudeau a aussi annoncé qu’il mettait en place un nouveau Conseil sur la stratégie industriel­le qui étudiera « plus en profondeur » l’effet de la pandémie sur des secteurs précis de l’économie.

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