Produits Kruger a mis les bouchées doubles pour gérer la demande
Le fabricant de papier hygiénique a accéléré sa production, mais a aussi eu recours à ses propres réserves Quant à savoir comment et quand les consommateurs réduiront leurs stocks pour revenir à la normale, ça dépendra de leur confiance à l’égard de la c
Quand les photos de paniers d’épicerie remplis de papier hygiénique et d’essuie-tout ont commencé à circuler au début de la pandémie, le groupe Produits Kruger S.E.C. faisait déjà des pieds et des mains pour augmenter la production dans ses usines, mais la compagnie a aussi dû recourir à une deuxième stratégie pour répondre à la flambée : se tourner vers ses propres réserves.
Six semaines après ces images de tablettes dégarnies et les limites soudaines interdisant aux clients d’acheter plus de deux paquets chez certains épiciers, le patron de la compagnie, connue pour ses marques Cashmere, Scotties et SpongeTowels, a profité de la publication des états financiers vendredi pour raconter aux analystes financiers comment l’entreprise s’y est prise pour affronter la ruée.
« Devant un effet soudain comme ça, évidemment, vous allez réduire vos stocks. Vous ne pouvez pas réagir assez vite », a expliqué Dino Bianco, chef de la direction de Produits Kruger (PK) mais aussi de Papiers Tissu KP, la société cotée en Bourse qui détient environ 15 % de PK. La compagnie a aussi trouvé des manières d’augmenter sa production, par exemple en remettant certains entretiens non essentiels à plus tard, en redémarrant des machines inactives et en ayant recours à de la main-d’oeuvre additionnelle.
« Et le plus important, c’est qu’on a réduit le nombre de SKU [stock keeping units, ou produits distincts] que l’on fabrique, de façon à limiter le nombre de changements dans les lignes de production pour qu’elles fonctionnent de manière plus efficace », a ajouté M. Bianco.
Flambée des ventes
Produits Kruger contrôle environ le tiers du marché du papier hygiénique et du papier mouchoir au Canada, et environ 20 % de celui de l’essuie-tout. La compagnie exploite des installations au Québec, en Ontario, en Colombie-Britannique et à Memphis. En moyenne et toutes catégories confondues, elle croit que les consommateurs ont acheté des produits pour trois à cinq semaines d’usage, bien que certains soient allés bien au-delà de ça.
« Quant à savoir comment et quand les consommateurs réduiront leurs stocks pour revenir à la normale, ça dépendra de leur confiance à l’égard de la chaîne d’approvisionnement. Au fur et à mesure qu’ils iront dans les magasins et verront des tablettes remplies, ça va les rassurer au sujet de la stabilité de la chaîne. Je pense que ça va se faire lentement tout au long de l’année », a dit M. Bianco, qui a aussi nommé l’évolution de la pandémie comme un facteur.
Les revenus ont atteint 375 millions au premier trimestre, en hausse de 7 % par rapport à l’an dernier. En excluant les activités du Mexique, qui ne font plus partie de la compagnie, la hausse se situe à 15,5 %. Le bénéfice avant impôts et autres éléments est passé de 24 millions à 51 millions. Le bénéfice net s’est chiffré à 8,4 millions, comparativement à une perte de 3,2 millions en 2019.
Les ventes ont également augmenté dans la catégorie des produits « hors foyer », dont les acheteurs sont notamment des établissements commerciaux ou publics comme des restaurants, des hôtels, etc. Toutefois, ce créneau « sera confronté à de forts vents contraires, car les marchés des utilisateurs finaux ont été gravement affectés par la COVID-19 », a indiqué Produits Kruger.
L’action a encaissé le choc boursier du mois de mars, mais est déjà revenue au niveau de la fin du mois de janvier. Elle a terminé la séance de vendredi en baisse de 2 %, à 9,97 $.