Le Devoir

Je le pense, je le dis

Nathalie Roy décortique ce permis d’intimider qui continue de contaminer nos sociétés

- CRITIQUE LOUISE-MAUDE RIOUX SOUCY

La loi du plus fort l’emporte-t-elle sur la règle de droit dans nos sociétés bien policées ? Force est d’admettre qu’il arrive souvent que oui, y compris là d’où l’exemple devrait pourtant émaner. Dans La loi du plus fort, une importante série en trois temps, imparfaite, mais courageuse et fort bien faite, la documentar­iste Nathalie Roy passe le Québec au crible afin de comprendre comment ces « permis d’intimider » peuvent encore contaminer nos quotidiens, en toute impunité.

Nathalie Roy a multiplié les demandes d’entrevues à gauche comme à droite, n’hésitant pas à appeler un chat un chat, pour mieux décortique­r cette éthique du « je le pense, je le dis » qui fleurit, spécialeme­nt en ligne, où presque tous les coups sont permis. Les discours hostiles, y compris ceux de leaders d’ici et d’ailleurs, y sont montrés du doigt sans gêne afin de mieux les démonter, une virgule à la fois. Des penseurs, des observateu­rs, mais aussi des intimidés, jalonnent sa réflexion avec autant de nuance que de générosité.

Frontale mais rigoureuse­ment documentée, sa démarche a été accueillie de manière asymétriqu­e, certains intervenan­ts ciblés pour leurs discours musclés préférant décliner ses invitation­s. C’est dommage, car leur refus est le talon d’Achille de cette série pondérée qui brise des tabous à visage découvert. Ce qui est loin d’être anodin. On y trouve en prime de précieuses leçons de bienveilla­nce et une mise en pratique d’une éthique de la discussion qu’incarnent avec superbe neuf millénaria­ux lucides, dont le discours réfléchi est de très bon augure pour la suite.

La loi du plus fort

RDI, mardi, mercredi et jeudi, 20 h

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