Le Devoir

Un été « très différent de nos étés habituels »

Le plan estival de déplacemen­t de la Ville comprend la piétonnisa­tion de plusieurs artères

- JEANNE CORRIVEAU

Avec l’arrivée des beaux jours, Montréal a repensé l’espace urbain et ajoutera 327 kilomètres de voies piétonnes et cyclables pour faciliter les déplacemen­ts actifs en temps de pandémie. Le plan estival de déplacemen­t présenté vendredi par la mairesse Valérie Plante prévoit notamment la piétonnisa­tion de l’avenue du Mont-Royal, la réduction de voies de circulatio­n sur le boulevard Saint-Laurent et la rue Saint-Denis ainsi que l’implantati­on de rues partagées dans l’ensemble du Vieux-Montréal.

« L’été qui s’en vient sera très différent de nos étés habituels. Nous allons devoir continuer de composer avec la COVID-19 et la plupart d’entre nous passeront, vraisembla­blement, nos vacances en ville », a indiqué la mairesse Valérie Plante. « Montréal est l’épicentre. Pour moi, ça demande des mesures musclées. »

Le plan dévoilé vendredi permettra l’aménagemen­t de trottoirs élargis et de voies cyclables sur de grands axes afin de créer des liens entre les parcs de la ville parmi lesquels le parc du Mont-Royal et le parc Maisonneuv­e. La circulatio­n automobile sera ainsi réduite et des places de stationnem­ent retranchée­s sur le boulevard Saint-Laurent, la rue Saint-Denis, la rue Rachel, l’avenue Christophe-Colomb et le boulevard Gouin.

Plusieurs artères seront piétonnisé­es. C’est le cas de l’avenue du Mont-Royal, de la rue de la Commune, de la rue Wellington ainsi que de la rue SainteCath­erine Est. Les autobus pourront continuer de circuler sur l’avenue du Mont-Royal et les livraisons y seront maintenues, a précisé le responsabl­e de la mobilité au comité exécutif, Éric Alan Caldwell.

Les terrasses

Questionné sur les répercussi­ons de ces aménagemen­ts sur la circulatio­n automobile et le camionnage, M. Caldwell, a affirmé que ceux-ci seraient limités. « Il y a une diminution [radicale] de la circulatio­n automobile et de camions dans nos rues. Oui, il y aura [une incidence] sur la circulatio­n automobile sur certains axes, mais au global, avec la situation cet été, on n’entrevoit pas [de problèmes] », a-t-il dit.

Le plan de la Ville s’échelonner­a en deux phases. La première sera mise en place début juin et la seconde plus tard cet été. Les mesures seront temporaire­s, mais elles pourraient demeurer en place à l’automne si la pandémie perdure.

La ville-centre ajoutera 112 kilomètres de voies actives sur ses artères alors que les arrondisse­ments aménageron­t 88 nouveaux kilomètres de rues lentes ou partagées. Ces mesures s’ajouteront aux 127 kilomètres de nouvelles voies cyclables déjà prévues.

La mairesse Plante a évoqué la possibilit­é d’autoriser l’aménagemen­t de terrasses plus vastes pour les restaurate­urs, les propriétai­res de bars et certains commerçant­s. Le coût des permis sera minime, voire « symbolique », a promis la mairesse. Pour l’instant toutefois, Montréal ignore si la Santé publique autorisera l’ouverture des commerces le 25 mai et quand elle donnera le feu vert aux restaurant­s et aux bars.

Une « révolution »

Directrice du Laboratoir­e Piéton et espace urbain de l’INRS, Marie-Soleil Cloutier considère le plan de l’administra­tion comme une « révolution ». La pandémie accélère la mise en place de mesures que prônent depuis des années les universita­ires afin de rendre les villes plus conviviale­s, fait-elle remarquer. « Je pense que ça va fonctionne­r, dit-elle. Avec la réduction de la circulatio­n automobile, on se rend compte de l’aberration [concernant l’espace accordé à l’automobile] sur certaines artères. Ce sera peut-être temporaire, mais pour moi, c’est un immense laboratoir­e qui permettra de tester des choses. »

Ces aménagemen­ts risquent toutefois de nuire à la livraison de marchandis­es aux commerçant­s, prévient l’Associatio­n du camionnage du Québec. « C’est certain qu’il y aura des contrainte­s et probableme­nt des opérations qui prendront plus de temps. Il y aura une augmentati­on des coûts d’opération, soutient son p.-d.g. Marc Cadieux. C’est à l’usage qu’on va le mesurer. »

L’opposition à l’hôtel de ville estime que l’administra­tion va trop loin. L’aménagemen­t de corridors sanitaires aurait largement suffi, estime le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez. De plus, fait-il remarquer, la plupart des rues visées par le plan sont les rues locales où les problèmes de circulatio­n sont réduits. « Bien avant la pandémie, l’administra­tion Plante et Projet Montréal avaient l’habitude de retirer des espaces de stationnem­ent selon leur vision de la ville. Sont-ils en train d’utiliser la pandémie comme prétexte pour faire avancer leur agenda politique plutôt qu’un agenda sanitaire ? », se demande M. Perez.

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MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR Le plan dévoilé vendredi permettra l’aménagemen­t de trottoirs élargis, en plus de voies cyclables sur de grands axes afin de créer des liens entre les parcs de la ville.

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