Québec promet une distribution massive de masques
L’annonce suscite des interrogations quant à leur distribution à Montréal-Nord
L’engagement de Québec de distribuer massivement des masques dans les transports collectifs et au sein de la population métropolitaine a reçu un accueil mitigé à Montréal-Nord, un des quartiers les plus touchés par la COVID-19.
Afin de freiner la propagation du virus, le gouvernement donnera un million de masques à la Ville de Montréal pour qu’elle les distribue dans les transports collectifs et dans ses quartiers les plus éprouvés par la pandémie. Il versera également 6 millions de dollars aux sociétés de transports du Grand Montréal pour qu’elles en offrent à leur usager.
Le premier ministre François Legault en a fait l’annonce vendredi lors de son point de presse quotidien, depuis Montréal pour une deuxième journée de suite. «On pense être capable dans les prochains jours de donner des masques gratuitement», a-t-il avancé, sans toutefois préciser comment cette distribution massive allait s’articuler.
Sur le terrain, des organismes épaulant les citoyens dans cette crise saluent la nouvelle qui tombe à pic. «Les gens ont juste hâte de voir arriver les masques», dit-on du côté de la Table de quartier de Montréal-Nord qui en a été informée en même temps que le public.
Mais plusieurs questions restent en suspens, fait-on aussitôt remarquer. «Comment va-t-on assurer une distribution équitable» s’interroge pour sa part Will Prosper, co-fondateur de l’organisme Hoodstock. Celui-ci a distribué quelque 7000 masques à travers Montréal-Nord, tout comme des gants et bon nombre de visières.
Autre signe que la COVID-19 frappe fort : l’arrondissement a lui-même entrepris la distribution de quelque 40 000 couvre-visages pour sa population, dont une importante proportion travaille au sein du réseau de la santé.
«C’est bien d’avoir accès à des masques, mais nous, on a déjà de la difficulté à en trouver. C’est devenu une denrée rare», reprend M. Prosper. «Et comme beaucoup d’annonces du gouvernement, ça prend toujours du temps avant que ça se matérialise sur le terrain», ajoute-t-il.
Devant la presse, François Legault a de nouveau prié les citoyens utilisant les transports en commun de porter un masque. Idem pour ceux qui vivent dans des quartiers «chauds» de Montréal et de Laval, où les taux d’infection sont élevés.
Le premier ministre envisage toujours de rendre le port du masque obligatoire dans les transports collectifs. «Je ne l’exclus pas, mais j’aimerais beaucoup mieux que les gens respectent les consignes», a-t-il fait valoir.
Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique à l’Université de Montréal, espère justement que les Québécois les suivent, pour éviter d’en venir un jour aux contraventions. Et même s’il a été un peu lent à le faire, le gouvernement doit continuer de «montrer l’exemple», dit-elle, en référence au trio Legault-McCann-Arruda désormais affublé de masques artisanaux en marge de leur conférence.
«Cette annonce aurait pu être faite plus tôt, mais c’est bien de le faire avant qu’on déconfine davantage» le Grand Montréal, juge de son côté la Dre Caroline Quach-Thanh, pédiatre et microbiologiste-infectiologue à l’hôpital Sainte-Justine.
Si le masque est susceptible de freiner la propagation du virus dans les lieux publics, on ne doit toutefois pas voir sa distribution massive comme un «remède miracle», prévient-elle. Le virus s’est déjà introduit dans plusieurs maisons, là où on laisse tomber le couvre-visage.
Main-d’oeuvre
François Legault est revenu vendredi sur sa rencontre de la veille avec les directeurs régionaux de santé publique et les présidents-directeurs généraux des CIUSSS et des CISSS. Le «grand défi» est le manque de travailleurs, surtout de personnel qualifié dans les CHSLD.
Le chef caquiste a aussi réitéré son souhait de bonifier rapidement les salaires des infirmières et des préposés aux bénéficiaires, à qui son gouvernement a octroyé des primes temporaires. «On espère avoir une entente aussi avec les syndicats pour que ces primes deviennent permanentes», a indiqué M. Legault.
Le premier ministre a en outre rappelé qu’il songe à nationaliser l’ensemble des CHSLD de la province. Dans les centres privés — comme celui d’Herron à Dorval, où ce fut l’hécatombe — c’est «plus compliqué» de mener des inspections et exiger une reddition de comptes, a-t-il soutenu.