Hydro revoit ses prévisions financières à la baisse pour 2020
Le bénéfice net a reculé de 14 %, à 1,53 milliard, au premier trimestre
Des ventes en baisse sur tous ses marchés forcent Hydro-Québec à revoir ses prévisions financières pour l’année 2020, dont le bénéfice net attendu à 2,9 milliards ne sera vraisemblablement pas au rendez-vous, a indiqué la société d’État vendredi, tout en précisant qu’elle réfléchit aussi à ses plans d’expansion à l’international.
Hydro-Québec, dont le bénéfice net a reculé de 14 %, à 1,53 milliard, au premier trimestre, a vu la consommation d’électricité augmenter de 3 % chez ses clients résidentiels entre le 13 mars et mercredi dernier. Cependant, la société d’État a observé des chutes de 8 à 11 % dans différents secteurs d’entreprises, ce à quoi se sont ajoutées des diminutions moyennes de 6 à 9 % dans la demande du côté des marchés d’exportation.
« Le bénéfice net de 2,9 milliards, je vois mal comment on va être en mesure de l’atteindre. L’impact est sensible et il va y avoir une répercussion sur le bénéfice net », a dit en conférence téléphonique le vice-président exécutif et chef de la direction financière et du risque, Jean-Hughes Lafleur. La loi prévoit que la société verse au gouvernement 75 % de son bénéfice net annuel.
Pour chiffrer l’impact, tout dépendra de la durée du ralentissement, mais il faut s’attendre à ce que les répercussions de la COVID-19 « se fassent sentir au cours des prochains trimestres », selon lui. Il n’y a pas de repères et la société d’État ne peut même pas se baser sur la crise de 2008.
« Pour 2021, on revient quand même avec un scénario de reprise », a dit M. Lafleur. Le plan stratégique de 2020-2024 présenté en décembre dernier par Éric Martel, depuis recruté par Bombardier, prévoyait un bénéfice grimpant graduellement vers 3,6 milliards en 2024. Cela tient encore, selon M. Lafleur, entre autres grâce à la faiblesse du dollar canadien et du faible niveau des coûts de la dette par rapport aux prévisions.
Investir ici plutôt qu’à l’étranger
Quant au chapitre du plan stratégique portant l’international, dévoilé lui aussi en décembre, « on est plutôt en révision, a dit M. Lafleur. Je vois mal, en ce moment, Hydro-Québec dire qu’on va prendre 5 milliards et l’investir au Chili parce qu’il y a une occasion là-bas. Les 5 milliards, on va plutôt les utiliser pour investir au Québec. »
Hydro-Québec travaille sur une liste de projets prioritaires qui ferait en sorte qu’à partir du moment où les choses reprenaient plus largement, la société d’État devancera certains travaux pour soutenir l’économie du Québec. À condition, selon M. Lafleur, que les entrepreneurs soient disponibles pour le faire et qu’ils ne soient pas eux-mêmes débordés. « On est capable d’être un très grand contributeur à la relance de l’économie du Québec », a dit M. Lafleur, qui a souligné que les emprunts faits par la société d’État sur le marché des obligations n’entrent pas dans le périmètre de la dette du gouvernement.
Le bénéfice net d’Hydro-Québec s’est chiffré à 1,53 milliard au premier trimestre, comparativement à 1,77 milliard l’an dernier. La société a précisé que l’hiver 2020 a été particulièrement clément, mais aussi que la période de 2019 s’était soldée par une performance exceptionnelle.
Exportations
Au chapitre des prix à l’exportation, Hydro-Québec a reçu une moyenne 4,9 ¢/ kWh au cours du trimestre, comparativement à 5,1 ¢/kWh l’an dernier. HydroQuébec vend son électricité grâce à des contrats conclus un an à l’avance afin de se protéger contre les fluctuations. Sur le marché des transactions qui ne sont pas encadrées par de tels contrats, les prix aux États-Unis sont descendus jusqu’à 1,5 ¢ cette semaine, a-t-il dit. « Nos prix à l’exportation au premier trimestre, n’eussent été nos stratégies de couverture, auraient été de 2,2 ¢US, a dit M. Lafleur. Les stratégies ont été payantes. »
Invité à chiffrer le nombre d’ententes de report de paiement conclues avec des clients, M. Lafleur a mentionné que les factures sont faites tous les deux mois et qu’« on ne voit pas encore qu’il y a un ralentissement dans la séquence de paiements ». Hydro-Québec a cependant conclu certaines ententes avec des industriels pour que les paiements soient étalés, a-t-il dit, « surtout dans le domaine des pâtes et papiers ».