Le poème à Réhel
Je veux envoyer des fleurs à ma mère J’appelle un fleuriste Moi : Faites-vous la livraison ? Fleuriste : Oui ! Moi : Oh génial, j’aimerais offrir le bouquet « De la gaieté en pot » s’il vous plaît.
Fleuriste : Il n’est plus disponible. Moi : Oh, OK. Alors, ce sera : « La féminité à travers les fleurs ».
Fleuriste : Il n’est plus disponible. Moi : Bon. Hum, et lui : « L’arrangement plein de soleil » ?
Fleuriste : Lui non plus.
Moi : OK, quel bouquet vous reste-t-il ? Fleuriste : « La folie de chrysanthème ». Moi : La folie de quoi ? Excusez, j’ai mal compris. Fleuriste : Chrysanthème.
Moi : Les fleurs sont quelle couleur ? Fleuriste : Jaune. Le chrysanthème jaune, c’est le symbole de la longévité. Moi : OK, je vais prendre deux bouquets. Vous prenez Visa ?
Fleuriste : Oui.
J’ai mal au rein
Mon rein tombe
Je tiens mon rein comme on marche dans le noir Le pansement de mon cathéter décolle
Je le recolle
Je découpe des petits bouts de pansements tout neufs que l’infirmière m’a donnés
Je manque mon coup
Je colle les petits morceaux tout croche sur ma peau
J’ai plein de petites patches sur mon biceps
Ça ne me dérange pas
Je tiens mon rein comme on marche dans le noir Ça ne me dérange pas Qu’on m’espionne
Qu’on suive mes déplacements sur mon cellulaire
Qu’on écoute mes conversations Je ne dis pas grand-chose
Je ne vois pas le problème
Les espions pourraient me tenir compagnie Les espions pourraient me donner des conseils pendant que je cuisine de l’orzo aux champignons
J’aurais des espions à qui parler quand je m’ennuie Genre
Toi ton rein tombe-tu ? Pour moi
La liberté
C’est quelqu’un en santé Je tiens mon rein comme on cherche un meuble comme on devient chroniqueur comme on engage un espion pour espionner un autre espion Ça ne me dérange pas
Les caméras thermiques à l’épicerie Si je pouvais
Je me ferais poser une caméra thermique dans les yeux Je vous verrais dans le noir
Je vous verrais dans mon rein dans le noir.
Je me réveille de ma sieste d’après-midi
15 h
Je dois ploguer mon antibiotique intraveineux Je désinfecte le bout de ma tubulure avec un tampon d’alcool
Je rince avec du NaCl
Je vois une longue bulle passer dans ma tubulure et entrer dans mon bras
Je stresse
La bulle va-tu me monter au cerveau ? Est-ce que je vais faire un arrêt cardiaque ?
Shit shit shit Je cours chercher mon téléphone
Shit shit shit J’appelle l’infirmière clinicienne
Moi : Allô j’ai mal fait « le vide d’air », je vais-tu mourir ?
Infirmière : Ben là, est-ce que la bulle est passée ? Moi : Oui… Infirmière : Bon… t’as l’air encore vivant haha ! Moi : Oui c’est vrai hahaha ! Infirmière : Hahahaha ! Moi : Hahahahahahaha !