L’entreprise Gazoduq sollicite l’aide du gouvernement Legault pour le projet GNL Québec
Le projet pourrait faire partie de la relance économique du gouvernement Legault
L’entreprise Gazoduq demande l’aide financière du gouvernement du Québec pour construire le gazoduc qui alimentera l’usine de liquéfaction de GNL Québec, a constaté Le Devoir. Dans le contexte de la relance économique, le gouvernement Legault ne ferme d’ailleurs pas la porte à un soutien pour ce projet d’exportation de gaz naturel albertain.
L’entreprise contrôlée par des intérêts financiers américains a un total de 18 lobbyistes inscrits au registre québécois, dont 10 proviennent directement de Gazoduq. Le mandat de lobbying de ces derniers a été modifié le 13 mars, soit une semaine après le retrait d’un investisseur majeur du projet, piloté par la société en commandite GNL Québec. Celle-ci contrôle le projet de gazoduc, mais aussi celui d’usine de liquéfaction et de terminal maritime Énergie Saguenay.
Selon ce qu’on peut lire dans le registre des lobbyistes du Québec, cette modification consiste en fait en un « ajout » au mandat des 10 lobbyistes de l’entreprise. Celui-ci comprend désormais des démarches « afin d’obtenir le soutien financier du gouvernement en vue de la réalisation du projet (la forme, le montant et le programme sont inconnus). Les sommes pourraient notamment servir à l’embauche de main-d’oeuvre et éventuellement à financer une partie des coûts du développement et de la construction du projet ».
Il faut dire que le projet de gazoduc est d’une ampleur sans précédent au Québec. Cette conduite de 780 km, qui traversera le Québec de l’Abitibi au Saguenay, est évaluée pour le moment à 4,5 milliards de dollars. Le projet continue d’ailleurs de progresser, malgré la crise actuelle. Le gouvernement Trudeau a annoncé vendredi dernier la conclusion d’une entente avec le gouvernement Legault, afin de mener une seule évaluation environnementale conjointe.
Promoteurs confiants
La directrice principale, affaires publiques et relations avec les communautés de Gazoduq, Marie-Christine Demers, n’a pas précisé si l’aide financière de Québec était vitale pour la survie du projet, après le retrait en mars du fonds du milliardaire américain Warren Buffett. Celui-ci devait investir pas moins de 4 milliards de dollars dans le projet de gazoduc et d’usine de liquéfaction. « Comme c’est le cas pour de nombreuses entreprises au pays, nous ne faisons pas exception et devons considérer les programmes offerts et les différentes sources de financement, [qu’elles soient] publiques ou privées », a-t-elle expliqué.
Mme Demers a toutefois affirmé que le projet sera viable après la crise. « Ayant des visées à plus long terme où une croissance des besoins en énergie générant moins de gaz à effet de serre est toujours prévue, nous serons encore en phase de développement au cours des prochaines années, ce qui permettra certainement d’amener des retombées économiques positives dans les différentes régions de notre tracé préliminaire du même coup. »
Même optimisme chez GNL Québec, qui juge que son projet est « très attrayant » pour les investisseurs. GNL Québec a un total de huit lobbyistes inscrits au registre. Leur mandat comprend des démarches pour obtenir un « soutien financier » du gouvernement du Québec.
Ouverture à Québec
Le gouvernement est-il ouvert à soutenir financièrement Gazoduq et GNL Québec, dans un contexte de relance économique au Québec ? « Le projet Énergie Saguenay représente un projet économique majeur pour le Québec et la région du Saguenay–Lac-SaintJean », a répondu le cabinet du ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon.
« Avec l’appui d’autres investisseurs, le gouvernement pourrait être ouvert à participer au financement d’études de faisabilité sur la base de l’impact économique très important du projet pour les communautés impliquées et pour l’ensemble du Québec », a également souligné son directeur des communications, Mathieu St-Amand. Québec répète toutefois qu’« avant de s’impliquer dans le financement complet d’un projet de plusieurs milliards de dollars, le gouvernement attendra les études environnementales complètes et continuera de suivre la démarche d’acceptabilité sociale de l’entreprise ».
Titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau estime qu’une implication financière de l’État québécois dans les projets de GNL Québec et de Gazoduq comporterait une grande part de risque. « Ce serait un investissement très risqué pour le gouvernement, à moins que des acheteurs internationaux sérieux ne soient identifiés. Le risque serait à la fois économique et politique, parce que, dans les deux cas, les choses pourraient mal tourner. »