Le Devoir

Trump poursuit l’escalade des mots contre Pékin

Le président américain a affirmé que, par la pandémie de COVID-19, la Chine était responsabl­e d’une « tuerie de masse mondiale »

- JÉRÔME CARTILLIER À WASHINGTON AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président américain, Donald Trump, a encore haussé le ton mercredi sur la gestion du coronaviru­s par la Chine, affirmant qu’elle portait la responsabi­lité d’une « tuerie de masse mondiale ».

Le locataire de la Maison-Blanche martèle depuis plusieurs semaines que le lourd bilan de la COVID-19 — plus de 320 000 morts à travers le monde, dont plus de 92 000 aux États-Unis — aurait pu être évité si Pékin avait mieux réagi dès l’apparition du virus dans la ville de Wuhan. Mais l’escalade verbale prend chaque jour un ton plus acrimonieu­x.

« Un cinglé en Chine vient de publier un communiqué accusant tout le monde à l’exception de la Chine pour le virus qui a tué des centaines de milliers de personnes », a tweeté Donald Trump mercredi matin.

« Merci d’expliquer à cet abruti que c’est “l’incompéten­ce de la Chine”, et rien d’autre, qui a provoqué cette tuerie de masse mondiale ! » a-t-il ajouté, sans préciser à qui il faisait référence.

Il y a une semaine, le 45e président des États-Unis avait menacé de rompre toute relation avec le géant asiatique et assuré qu’il ne souhaitait plus, pour l’heure, parler à son homologue, Xi Jinping.

Pékin assure de son côté avoir transmis le plus vite possible toutes les informatio­ns à l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS).

Le différend entre les deux premières économies mondiales s’est en particulie­r concentré sur l’attitude de l’agence onusienne face à cette crise sanitaire d’une ampleur inédite.

Accusant l’OMS d’être une « marionnett­e de la Chine », le président américain lui a donné un mois pour engager des réformes et obtenir des résultats significat­ifs. Avec, à défaut, la menace de quitter cet organe dont les États-Unis étaient traditionn­ellement le premier contribute­ur.

Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a vivement critiqué l’attitude des ÉtatsUnis, accusés de « salir les efforts de la Chine face à l’épidémie ».

M. Zhao a exhorté Washington à « cesser de rejeter la faute » sur son pays et à se concentrer plutôt sur l’endiguemen­t du virus sur son territoire, où plus de 1,5 million de personnes ont été contaminée­s.

« Il y a eu des erreurs et des lacunes du côté américain, leurs mensonges sont toujours plus nombreux », a-t-il asséné, dénonçant avec virulence « ces hommes politiques américains adeptes de la manipulati­on ».

Mi-mars, ce même porte-parole s’était fait l’écho, sans le moindre élément concret à l’appui, d’une théorie selon laquelle l’armée américaine aurait importé le virus en Chine.

Lors d’un point de presse mercredi matin, Mike Pompeo, chef de la diplomatie américaine, a estimé que la crise de la COVID-19 marquait la fin des illusions de Washington sur le tissage de liens étroits avec la Chine.

« Nous avons largement sous-estimé à quel point Pékin est, idéologiqu­ement et politiquem­ent, hostile aux pays libres » a-t-il déclaré, martelant que le géant asiatique était dirigé par « un régime brutal, autoritair­e ».

« La réponse du Parti communiste chinois à l’épidémie de COVID-19 dans le Wuhan a permis de mieux comprendre la réalité de la Chine communiste », a-t-il ajouté, déplorant, entre autres, « la censure » concernant la pandémie au sein de ce pays.

Pour un G7 en vrai

Par ailleurs, Donald Trump a indiqué mercredi vouloir organiser un sommet du G7 en juin, y voyant le « symbole formidable » d’un début de retour à la normale. Après avoir annoncé mi-mars que la rencontre aurait lieu cette année par visioconfé­rence en raison du coronaviru­s, le président américain a évoqué mercredi la possibilit­é de retrouvail­les à Camp David, lieu chargé en symboles.

À moins de six mois de l’élection présidenti­elle, le milliardai­re républicai­n insiste sur la nécessité d’une réouvertur­e aussi rapide que possible de l’économie et promet inlassable­ment une année 2021 « incroyable ». « Maintenant que notre pays a engagé son “retour vers la grandeur”, j’envisage de reprogramm­er le G7, à la même date ou à peu près, à Camp David, lieu légendaire », a-t-il tweeté.

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