Le Devoir

La convergenc­e contre le mal

La féministe Thérèse Lamartine préconise l’union des genres pour guérir l’humanité

- CRITIQUE MICHEL LAPIERRE COLLABORAT­EUR LE DEVOIR

Interviewé le 11 mai dernier par le quotidien britanniqu­e The Guardian, l’intellectu­el américain Noam Chomsky accuse Trump d’être « responsabl­e de la mort de milliers d’Américains en se servant de la pandémie du coronaviru­s pour préparer sa réélection ». La féministe Thérèse Lamartine loue toutefois l’optimisme inébranlab­le mais discret de Chomsky, en blâmant, elle aussi, « l’improbable trublion orange prénommé Donald ».

Née à Québec et demeurant aujourd’hui à Longueuil, l’essayiste et romancière émet les deux jugements dans Une planète en mal d’oestrogène, c’est-à-dire d’hormones femelles, son ouvrage où elle souligne l’importance du génie féminin, toujours sous-estimé. France Théoret, poète et romancière, signe une préface enthousias­te de ce réexamen du féminisme et en retient la phrase : « En troquant la liberté pour l’égalité, le mouvement a perdu une partie de son âme. »

Thérèse Lamartine explique : « L’inégalité n’est qu’un symptôme. Il est urgent de s’attaquer aux causes véritables et de réclamer, bien au-delà de l’égalité, la liberté. » Pour cela, elle ne voit qu’une solution : « Le féminisme radical, celui qui va à la racine du mal et se propose de l’extirper, est la seule voie possible vers cette liberté. » Elle ose, sans pourtant se montrer intempesti­ve, s’inspirer de la théoricien­ne américaine de cette tendance : Andrea Dworkin (1946-2005).

La condamnati­on de la pornograph­ie par la militante, souvent controvers­ée, retient surtout l’attention de Thérèse Lamartine. Ce rejet définit le mieux l’obstacle subliminal que certains hommes misogynes opposent à la soif de liberté ressentie par les femmes.

L’essayiste québécoise juge, en effet, que l’industrie pornograph­ique « dépeint la torture des femmes » et qu’elle « est devenue ce qu’Andrea Dworkin nomme le “culte du sadisme” » envers elles. Sa position se rapproche de celle d’un homme, d’ordinaire peu loquace sur le sujet, Chomsky, qui déclare : « La pornograph­ie humilie, dégrade les femmes comme de vulgaires objets sexuels. Il n’y a rien d’autre à dire. »

Solidaire d’hommes comme lui, Thérèse Lamartine affirme « tabler sur les convergenc­es entre masculin et féminin plutôt que sur les divergence­s ». Pour elle, il s’agit là lucidement de ne « penser le monde jamais plus sans les femmes ». Au transsexua­lisme, elle préfère l’union des genres : « Tant qu’à bouleverse­r l’ordre sexuel du monde, une révolte contre l’assignatio­n non pas à un sexe précis, mais contre l’assignatio­n à une culture découlant de ce sexe serait plus utile à l’humanité. »

Cette union fondée sur la liberté tranche sur l’actuel stratagème de Trump qui, pour Chomsky, délègue à des inférieurs, comme les gouverneur­s des États de son pays, la tâche odieuse de combattre la COVID-19 dans le fol espoir de sortir seul victorieux de la crise sanitaire aux yeux d’un électorat berné.

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M ÉDITEUR L’essayiste juge que l’industrie pornograph­ique « dépeint la torture des femmes » et qu’elle « est devenue ce qu’Andrea Dworkin nomme le “culte du sadisme” » envers elles.
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Thérèse Lamartine, M Éditeur, SaintJosep­h-du-Lac, 2020, 288 pages
Une planète en mal d’oestrogène Femmes et hommes du 21e siècle Thérèse Lamartine, M Éditeur, SaintJosep­h-du-Lac, 2020, 288 pages

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