Histoire du centre commercial
Les premiers centres commerciaux rassemblant plusieurs magasins sont apparus dans les années 1910-1920 aux États-Unis, mais c’est au tournant des années 1950 que le centre commercial de banlieue tel qu’on le connaît aujourd’hui est apparu. Il s’agit d’immenses bâtiments accrocheurs, construits en périphérie des grandes villes, au bord d’un grand boulevard ou à la croisée d’autoroutes, avec un immense parc de stationnement à ciel ouvert.
« On doit cette création à Victor Gruen, un architecte américain d’origine autrichienne. Il a créé le premier centre commercial de ce type en 1954, près de Detroit, avec l’idée de recréer l’ambiance d’un centre-ville dans les banlieues. Pour Gruen, le centre commercial devait être un lieu de vie, de rencontres, où on allait non seulement faire des achats, mais aussi se distraire avec des équipements culturels et de loisirs. Mais cet aspect n’a pas séduit les promoteurs », explique l’urbaniste Gérard Beaudet. On se contente donc de regrouper de grandes surfaces avec des petites boutiques dans une aire fermée. Le modèle connaît un succès monstre.
Évidemment, le Québec ne fait pas exception. Ce type de centre commercial se multiplie dans les années 1960 en banlieue et même au coeur des villes. Le Fairview Pointe-Claire, les Galeries d’Anjou, le Centre Laval, les Promenades Saint-Bruno, etc.
Dans les années 1980-1990, un nouveau modèle apparaît : le « power center », comme le Carrefour de la RiveSud à Boucherville ou encore le Marché central à Montréal. Ce sont de grands magasins aménagés dans des bâtiments autonomes, mais rassemblés au même endroit avec chacun son stationnement. « Les promoteurs déconstruisent le modèle de Gruen pour faire disparaître les longs corridors intérieurs, ce qui limite les coûts de construction et de fonctionnement », précise M. Beaudet.
Ce type de centre commercial se répand un peu partout, tant aux États-Unis, où ils sont nés, qu’ici, au Québec. « Ça connaît un certain succès, mais tranquillement, on réalise que les gens veulent vivre une expérience de magasinage. On a alors créé des “lifestyle center”. On reprend le principe des “power center”, mais on ajoute de petites rues commerçantes — gérées par le privé — pour les relier, ainsi qu’une offre de divertissement comme des cinémas et des restaurants. L’exemple type : le Quartier Dix30. »