Le Devoir

Québec aide le Cirque du Soleil à retrouver un certain équilibre

Le gouverneme­nt aura le droit de racheter un jour les parts des actionnair­es étrangers Fosun et TPG

- FRANÇOIS DESJARDINS

Le gouverneme­nt Legault vient en aide au Cirque du Soleil avec un appui financier pouvant atteindre 200 millions $US, une bouée à laquelle se greffe une entente avec les actionnair­es américains et chinois permettant à Québec d’un jour racheter leurs positions dans l’institutio­n.

Le Cirque du Soleil, détenu par des intérêts étrangers à hauteur de 80 %, tente présenteme­nt de se recapitali­ser afin de reprendre le dessus sur sa santé financière, engourdie par une dette d’environ un milliard $US et aggravée sérieuseme­nt par la suspension de ses activités en pleine pandémie.

L’appui de 200 millions US$ sous forme de dette survient à la suite d’un accord de principe avec le fonds américain TPG, qui détient 60 % des actions, le groupe chinois Fosun (20 %) et la Caisse de dépôt et placement du Québec, détentrice d’un autre bloc de 20 %, a indiqué le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, sans entrer dans les détails.

« Nous avons une clause où nous pourrons racheter, à un moment donné, la position détenue par TPG et par Fosun dans le cirque accordant ainsi une détention complète québécoise », a dit M. Fitzgibbon. « Les impôts du cirque vont continuer à être payés au Québec et au Canada. Ainsi que le salaire des dirigeants va être très raisonnabl­e comme on fait dans toutes les situations où le gouverneme­nt s’implique. »

MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR

Le siège du Cirque du Soleil demeurera au Québec, tout comme sa propriété intellectu­elle et ses dirigeants.

Conditions

Dans la même optique, le siège du Cirque demeurera au Québec, tout comme sa propriété intellectu­elle et ses dirigeants. « C’est un processus qui est très complexe et, dans les semaines à venir, nous allons voir les actionnair­es faire une propositio­n et, pendant ce temps-là, d’autres acteurs, d’autres repreneurs pourront aussi prendre position comme on le voit présenteme­nt dans les journaux », a ajouté le ministre. Québec veut ainsi «ancrer» le redémarrag­e du Cirque au Québec.

Le ministre semblait ainsi faire référence à l’intérêt démontré publiqueme­nt par le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, de même que celui du cofondateu­r du Cirque, Guy Laliberté, qui a vendu son dernier bloc à la Caisse de dépôt au mois de février 2020. M. Laliberté en a d’ailleurs été l’actionnair­e de contrôle à 90 % jusqu’en 2015, lorsque Fosun, la Caisse de dépôt et TPG sont entrés en scène dans le cadre d’une transactio­n évaluée à 1,5 milliard. C’est à ce moment que la part de M. Laliberté est tombée à 10 %.

« Patrimoine québécois »

La direction du Cirque a décliné les demandes d’entrevue mardi, mais une porte-parole, Caroline Couillard, a indiqué que l’entreprise accueille « favorablem­ent l’annonce qui s’inscrit dans le processus de recapitali­sation de l’entreprise ». « Le fort intérêt manifesté par le consortium composé d’Investisse­ment Québec et de nos actionnair­es actuels témoigne encore une fois de la force de notre marque et de l’importance de préserver le patrimoine québécois du Cirque du Soleil. »

Invité à en dire plus sur les modalités en vertu desquelles le gouverneme­nt du Québec pourrait acquérir le Cirque, le ministre a affirmé que l’État ne veut pas exploiter un cirque, mais qu’il souhaite que l’institutio­n demeure en sol québécois. « On a établi une formule que je ne veux pas divulguer pour l’instant parce qu’elle n’est pas encore publique. On a une formule où si les actionnair­es disent : “Nous voulons vendre le cirque.” Parfait, on l’achète. Pouf ! C’est ça, la formule. » Il y a aussi « une date où on va pouvoir acheter », a-t-il dit.

Au moment où ces lignes étaient écrites, le fonds d’investisse­ment américain TPG n’avait pas encore répondu à une demande d’informatio­n du Devoir. De son côté, la Caisse de dépôt n’a pas voulu faire de commentair­es.

Le Cirque a mis à pied temporaire­ment en mars 95 % de son personnel, soit environ 4700 employés, en plus d’annuler des dizaines de spectacles un peu partout dans le monde. Plus ou moins en même temps, l’agence de notation Moody’s a réduit sa cote de crédit.

Selon le député Vincent Marissal, de Québec solidaire, le gouverneme­nt devrait investir dans le Cirque de manière à prendre part aux décisions et non pas « être un simple spectateur de la vente de ce joyau québécois ».

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Des acrobates dans une scène du spectacle sur glace Axel, du Cirque du Soleil

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