Le Devoir

Trudeau ouvert à récompense­r les réfugiés au front dans les CHSLD

Ottawa pourrait offrir la citoyennet­é canadienne à ces demandeurs d’asile

- MARIE VASTEL HÉLÈNE BUZZETTI CORRESPOND­ANTES PARLEMENTA­IRES À OTTAWA

Justin Trudeau croit lui aussi qu’il faut reconnaîtr­e le travail acharné des centaines de demandeurs d’asile qui combattent la pandémie de COVID-19 dans les résidences pour personnes âgées du pays. Le premier ministre ouvre la porte à faire une entorse aux règles d’immigratio­n pour régularise­r leur statut.

« On sait qu’il y a des gens extraordin­aires qui font un travail héroïque dans nos centres de longue durée et nous devons regarder comment on peut les aider », a affirmé le premier ministre fédéral mardi. « On est dans une situation particuliè­re et exceptionn­elle. La crise de la COVID-19 exige qu’on revoie différente­s choses, a-t-il fait valoir. C’est sûr que notre système d’immigratio­n est ancré dans le respect des processus et l’équité et l’égalité pour tout le monde. C’est important de suivre ces processus. Mais dans une situation exceptionn­elle, on peut évidemment considérer des exceptions », a-t-il affirmé.

Son ministre de l’Immigratio­n, Marco Mendicino, se penche présenteme­nt sur la question.

Initiative du Québec

François Legault a évoqué lundi l’idée de régularise­r le statut des demandeurs d’asile qui sont au front dans les CHSLD du Québec.

Le gouverneme­nt québécois envisage d’étudier leurs dossiers « un par un » en vue de les accepter comme immigrants immédiatem­ent plutôt que de les contraindr­e, à titre de demandeurs d’asile, de prouver que leur sécurité est menacée dans leur pays d’origine pour rester au Canada.

Pour ce faire, Québec pourrait leur offrir un certificat de sélection, mais il faudrait ensuite que leur demande d’immigratio­n soit approuvée par le fédéral avant d’obtenir une résidence permanente.

La province pourrait également créer un nouveau programme pour les accueillir comme immigrants économique­s en vertu de son champ de compétence en la matière — car ces travailleu­rs ne se qualifient pas aux programmes québécois existants.

Ottawa pourrait en outre agir seul, en leur accordant la citoyennet­é canadienne grâce aux pouvoirs discrétion­naires du ministre Mendicino en ce

On est dans une situation particuliè­re et exceptionn­elle. La crise de la COVID-19 exige qu’on revoie »

différente­s choses.

JUSTIN TRUDEAU

sens. M. Trudeau n’a pas précisé mardi la formule envisagée par Ottawa.

Le bureau du premier ministre Legault a pris acte de la main tendue du fédéral et a indiqué que les deux gouverneme­nts « auront l’occasion de poursuivre les échanges au cours des prochaines semaines ».

Entre 800 et 1000 préposés aux bénéficiai­res pourraient ainsi voir leur statut normalisé.

Le Bloc québécois a pour sa part invité le fédéral à accélérer simplement l’étude des dossiers de demandeurs d’asile qui sont déjà en attente d’une audience devant la Commission de l’immigratio­n et du statut de réfugié.

« Ce sont des dossiers qui existent déjà, on ne fait que les prioriser. On les prend d’en dessous de la pile et on les remet sur le dessus », a expliqué l’élue bloquiste Christine Normandin.

Le Bloc souhaite ainsi aider les demandeurs d’asile en attente, les familles de réfugiés acceptés au pays qui tentent de venir les rejoindre ou ceux qui ont vu leur demande refusée et qui l’ont redéposée pour des motifs humanitair­es.

Une simple accélérati­on du processus d’évaluation des demandes accélérera­it cependant du même coup l’ordonnance de possibles expulsions, qui sont impossible­s en ce moment compte tenu des restrictio­ns frontalièr­es partout dans le monde.

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