Le Devoir

Le déconfinem­ent progressif donne ses premiers signes de relance

Le regain se veut toutefois modeste, estiment des organismes

- GÉRARD BÉRUBÉ

Le déconfinem­ent progressif donne ses premiers signes de relance économique, laissant miroiter qu’un pic ou un creux, c’est selon, aurait été atteint en mars-avril. Le regain se veut toutefois chétif et ne projette pas l’esquisse d’un scénario de reprise en V.

À la recherche du moindre signe de rebond en cette fin graduelle des principale­s mesures de restrictio­ns, Oxford Economics se penche sur l’indice des directeurs d’achat (PMI Index, en anglais) qui, quoique demeurant bien ancré sous la barre récessionn­aire des 50 points, laisse planer l’espoir d’un modeste rebond de l’activité manufactur­ière en mai.

L’indice de confiance du Conference Board a également légèrement progressé entre avril et mai aux États-Unis. Même si le confinemen­t demeure partiel et inégal selon les pays, « des changement­s de comporteme­nt pointent vers une reprise des activités », voire vers la confirmati­on du pire derrière soi, souligne Oxford.

Oxford reconnaît toutefois qu’une seule lecture mensuelle de l’indice PMI est peu fiable. D’ailleurs, un sondage mené auprès de 320 fabricants par les Manufactur­iers et Exportateu­rs du Canada indique qu’environ les deux tiers des répondants s’attendent à une baisse de la production qui durerait au moins de trois à six mois. La plupart des fabricants ne prévoient pas d’embaucher au cours des trois à quatre prochains mois. Parmi ceux-ci, 43 % des répondants s’attendent à une baisse des effectifs dans les mois à venir.

La firme de recherche en économie élargit donc son spectre pour englober l’indice de distanciat­ion de la Réserve fédérale de Dallas et les mesures de socialisat­ion que sont les indicateur­s de mobilité d’Apple et de Google. Même constat : un pic a été atteint en avril tant aux États-Unis que dans les principaux pays industrial­isés. Mais tout rebond en mai sera négligeabl­e en comparaiso­n de la forte contractio­n de mars-avril, écrit Oxford, ce qui éloigne pour l’instant un scénario de reprise en V et annonce un modeste rebond au troisième trimestre.

Retour à la normale

L’indice de retour à la normale de la Banque Nationale pointe dans la même direction. Calculé selon une semaine de référence du 3 janvier au 6 février, cette moyenne mobile de sept jours empruntant aux données de mobilité de Google pour les commerces, épiceries, travail et transport collectif, affiche une progressio­n généralisé­e.

Dans les grandes économies, l’indice est passé de 80 % sous la normale de référence pour la France, de 30 % pour la Suède, à 50 % et 18 % respective­ment d’avril à mai. Le Canada est parti d’un creux de quelque 52 % pour revenir à 40 % et les États-Unis, de 40 à 28 %.

À l’échelle canadienne, le Québec et l’Ontario suivent le mouvement, mais

Le pire, des conséquenc­es économique­s de la pandémie de COVID19, semble déjà être du passé pour la plupart des grandes économies d e la » planète MOUVEMENT DESJARDINS

loin derrière et sous la moyenne canadienne, passant toutes deux d’environ 60 % à 45 %

« Le pire, des conséquenc­es économique­s de la pandémie de COVID-19, semble déjà être du passé pour la plupart des grandes économies de la planète, constatent les économiste­s du Mouvement Desjardins. La fin graduelle des principale­s mesures de confinemen­t fait que certains indicateur­s économique­s commencent à se relever, quoique modérément. »

À l’instar du scénario dominant, l’améliorati­on telle que mesurée par le PIB sera surtout concrète à partir du troisième trimestre. À l’échelle planétaire, « pour l’ensemble de l’année 2020, le PIB réel mondial devrait afficher un recul de 2,9 %, ce qui sera suivi par une hausse de 5 % en 2021 », écrivent-ils.

Au Canada, après une baisse estimée à environ 9 % en mars par Statistiqu­e Canada, le PIB devrait subir une diminution aussi importante en avril, pour amorcer son redresseme­nt en mai. « L’économie du Québec a été durement touchée par les mesures de confinemen­t », ajoutent-ils, avec une confiance des ménages chutant davantage que dans le reste du Canada, tout comme les ventes de propriétés et les ventes au détail.

Pour l’ensemble de l’année, le PIB québécois devrait fléchir de 6,9 %, pour progresser de 5,7 % en 2021. Ces cibles sont toutefois dépendante­s d’une série de risques, dont celui d’une deuxième vague de la pandémie, préviennen­t les analystes de Desjardins.

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