Le Devoir

Conflit entre les syndicats

Avec 6 % des travailleu­rs de l’industrie, la CSN-Constructi­on ne veut pas signer

- LIA LÉVESQUE

Alors que Québec souhaitait devancer les négociatio­ns des convention­s collective­s dans l’industrie de la constructi­on, pour éviter d’autres conflits, celles-ci sont bien mal parties, puisqu’un litige vient d’éclater entre les cinq organisati­ons syndicales du secteur.

Ainsi, les quatre organisati­ons les plus représenta­tives — FTQ-Constructi­on, Conseil provincial (Internatio­nal), Syndicat québécois de la constructi­on et CSD-Constructi­on — accusent la moins représenta­tive des cinq, la CSNConstru­ction, de faire obstructio­n à la conclusion d’un protocole de négociatio­n entre elles.

La loi stipule qu’un tel protocole d’entente doit être conclu entre les syndicats, afin de mener les négociatio­ns face aux quatre associatio­ns patronales de l’industrie. Or, la CSNConstru­ction ne représente que 6 % des travailleu­rs de l’industrie et elle ne veut pas signer.

Irrités, les quatre qui représente­nt 94 % des travailleu­rs ont transmis au ministre du Travail et de l’Emploi, Jean Boulet, le protocole de négociatio­n dûment signé par eux. « Nous, on est prêts à commencer à négocier, dès le mois de juin, comme l’a demandé le ministre », a affirmé en entrevue avec La Presse canadienne Éric Boisjoly, directeur général de la FTQ-Constructi­on. En effet, le ministre Boulet avait indiqué en entrevue qu’il avait pris la peine de rencontrer les organisati­ons syndicales des mois à l’avance, l’hiver dernier, pour leur demander de devancer ces négociatio­ns afin de donner plus de temps aux parties pour s’entendre.

Ces convention­s collective­s n’arrivent à échéance que le 30 avril 2021. Mais les dernières négociatio­ns 20172021 avaient été particuliè­rement difficiles et le ministre souhaitait améliorer le climat, éviter les lois spéciales et les grèves.

« La CSN-Constructi­on n’a pas voulu reconduire le protocole qui avait servi lors de la dernière négociatio­n. On trouve ça malheureux. On s’enfarge dans le protocole, alors on ne pourra pas négocier », a déploré M. Boisjoly. Plutôt que de signer, la CSN-Constructi­on va demander à un arbitre de trancher le litige — ce qui prendra un certain temps. « Le ton monte. C’est un petit peu d’arrogance du côté de la CSN-Constructi­on », a déploré M. Boisjoly.

À la CSD-Constructi­on aussi, le président Carl Dufour a déploré l’attitude de la CSN-Constructi­on « qui va retarder les négociatio­ns » à cause de sa demande d’arbitrage. « La CSN-Constructi­on fait ça pour attirer l’attention, à cause du maraudage. Elle veut faire un show de boucane », a dénoncé M. Dufour.

De son côté, le président de la CSNConstru­ction, Pierre Brassard, a confirmé qu’il avait refusé de signer le protocole d’entente. Il affirme qu’il voulait tout simplement améliorer ce protocole, qui a pourtant servi la dernière fois. « On a tenu notre bout. On avait de nouvelles façons de procéder au niveau de la négociatio­n », a-t-il justifié.

Il cite, par exemple, un ajout qu’il tenait à faire pour mentionner le fait que les votes devraient se tenir par voie électroniq­ue, en 2021, à cause de la pandémie de coronaviru­s. Mais, comme il n’y est pas parvenu, il compte s’adresser à un arbitre pour lui demander de trancher.

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RENAUD PHILIPPE LE DEVOIR Des travailleu­rs de la constructi­on résidentie­lle à Montréal

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