Le racisme condamné à Québec et à Ottawa
De Québec à Ottawa, la classe politique a condamné le racisme mardi dans la foulée des manifestations qui secouent les États-Unis depuis la mort de George Floyd, cet Afro-Américain mort sous le genou d’un policier à Minneapolis. Les images dramatiques de son arrestation ont fait le tour du monde et ont relancé le débat sur le racisme systémique.
« J’ai été choqué, comme tout le Québec, de voir la vidéo sur la mort tragique de George Floyd », a déclaré le premier ministre François Legault au Salon bleu.
Il s’est dit solidaire des manifestants qui sont sortis dans les rues de Montréal dimanche pour dénoncer pacifiquement « cette violence raciale ». Il s’est engagé à continuer ses efforts pour que les Québécois issus des minorités visibles soient mieux représentés dans la fonction publique et à envoyer « des directives claires » aux forces de l’ordre dans le cadre de la modernisation de la Loi sur la police.
Les députés de l’Assemblée nationale ont adopté deux motions, l’une du Parti libéral du Québec (PLQ) et l’autre de Québec solidaire (QS), demandant au gouvernement un plan de lutte contre le racisme et la discrimination.
Le premier ministre François Legault avait reconnu la veille que le Québec avait « encore du travail à faire pour lutter contre le racisme », mais il « n’y a pas un système en place qui fait qu’on s’organise pour discriminer. »
Autant Mme Massé que la cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade, première femme noire à diriger un parti politique au Québec, lui ont rappelé que les minorités visibles se faisaient interpeller plus souvent par les policiers. « Systémique ne veut pas dire systématique, a rappelé Mme Massé. […] Ça veut dire qu’il y a un système qui tolère ça. »
« Si on avait un constat à tirer des derniers mois, des dernières semaines, des derniers jours, ce serait le suivant : le racisme continue de blesser, a déclaré Mme Anglade. La libérale a réclamé « des gestes forts, des mesures et des plans d’action » du gouvernement pour changer les choses sans utiliser le mot systémique.
« Il est de notoriété publique que certaines organisations ont des comportements qui peuvent être qualifiés de systémiques », a précisé par la suite son attachée de presse, Léa Carrière.
Comme la Coalition avenir Québec (CAQ), le Parti québécois (PQ) estime que la société québécoise, l’« une des plus ouvertes du monde » n’est pas raciste, même s’il reconnaît que des incidents racistes se produisent.
Ottawa dénonce
À la Chambre des communes à Ottawa, tous les chefs de partis ont pris la parole pour dénoncer le racisme et la situation ayant cours au sud de la frontière.
Le premier ministre Justin Trudeau n’a pas hésité à soutenir que le racisme n’était pas une réalité propre aux États-Unis. « Pour des millions de Canadiens, il s’agit là de leur réalité quotidienne. »
Le chef du NPD lui a emboîté le pas. « Le racisme anti-Noirs n’est pas seulement présent aux États-Unis, il est présent ici au Canada, a ainsi lancé Jagmeet Singh en dénonçant le peu d’actions concrètes du gouvernement Trudeau pour s’attaquer au profilage racial.
À ce discours, le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet a apporté quelques bémols. Tous les gouvernements d’Amérique ont été racistes, a-t-il soutenu, et cela a laissé des traces dans leurs institutions.
« C’est la seule chose qu’on a le droit d’appeler racisme systémique ou discrimination systémique. » M. Blanchet a proposé que le gouvernement pose un geste concret et traite en priorité accélérée le dossier de centaines de demandeurs d’asile ayant oeuvré dans les CHSLD pendant la pandémie « surtout Haïtiens, surtout Noirs ».