Le Devoir

Véronique Barbe sous l’emprise de Fredette depuis 2010

- AMÉLI PINEDA

Prise dans une spirale de violence conjugale, Véronique Barbe, une des deux victimes du meurtrier Ugo Fredette anticipait une fin tragique à leur relation, sept ans avant sa mort.

« Tous ceux qu’on voit dans le journal, c’est tout du monde bien normal, qui ne voulait pas faire mal à leurs enfants ou à leur ex-conjointe […] Puis à un moment donné, ils ont pété les plombs », a-t-elle dit à Fredette, selon une déclaratio­n policière datant de 2010.

Des rapports déposés en preuve lors des observatio­ns sur la peine du meurtrier jettent un éclairage troublant sur une relation où les épisodes de violence conjugale se sont manifestés rapidement.

Après neuf mois de relation, ponctués par six ruptures et un avortement, Véronique Barbe porte plainte contre Ugo Fredette, le 29 août 2010. La victime rapporte de nombreuses crises et querelles dues au caractère possessif de l’homme. Son témoignage révèle l’emprise sous laquelle elle s’est retrouvée. « Je me suis demandé s’il changerait éventuelle­ment », confie-t-elle aux policiers.

Elle raconte avoir connu son agresseur en sixième année du primaire et s’être retrouvés sur Facebook. Il était cependant en couple lorsqu’ils ont renoué. La même semaine, M. Fredette se sépare. « Je pense qu’il attendait de rencontrer quelqu’un d’autre, parce qu’il ne veut pas être tout seul », a-telle déclaré.

Six mois après leur rencontre, elle est tombée enceinte, mais a décidé de se faire avorter. Elle a réalisé que M. Fredette est peut-être trop égoïste et immature pour devenir père. « Je ne pouvais pas prévoir d’avoir un enfant avec un homme comme ça ». Elle décide de rompre, mais il n’accepte pas leur séparation.

Malgré les nombreuses « deuxièmes chances », la relation ne s’améliore pas et l’homme refuse de mettre un terme à leur histoire.

Tentative de suicide

Devant l’insistance de M. Fredette de rester en couple, elle le menacera de téléphoner la police. Dès le lendemain, il lui envoie une cinquantai­ne de textos, l’appelle à son travail, si bien qu’elle a dû dire à la réceptionn­iste de ne plus lui transférer les appels. Sur l’heure du dîner, il se présente sur les lieux avec des roses. « Il pleurait, il me suppliait de retourner avec lui. Il s’est mis à genoux devant moi devant le magasin », a-t-elle décrit.

La semaine suivante, il demeure insistant et elle accepte de le revoir pour mettre les choses au clair. Avant de repartir, il passe à la salle de bains et elle assiste alors à une tentative de suicide, mais l’homme l’empêche d’appeler les secours. Le lendemain, il ini

Il pleurait, il me suppliait de retourner avec lui. Il s’est mis à genoux devant moi devant le magasin. »

VÉRONIQUE BARBE

tie un rapport sexuel auquel Mme Barbe dit avoir « cédé » pour agir « normalemen­t » par crainte.

Pendant que M. Fredette se trouve à la salle de bains, elle en profite pour fuir. Lorsqu’il s’en rend compte, il part à la course derrière elle, nu, dans la rue. « Quand j’ai vu qu’il était là tout nu puis qu’il essayait de grimper sur mon char, je me suis dit : « Mon Dieu, il y a quelqu’un qui va appeler la police, il y a quelqu’un qui va venir m’aider ». Pantoute, personne ne s’est arrêté », raconte-t-elle.

M. Fredette est alors accusé de voies de fait et de harcèlemen­t. Une ordonnance d’interdit de contact, appelée « un 810 » dans le jargon judiciaire, est aussi mise à son dossier. Les accusation­s seront retirées après que le couple renoue.

Sept ans plus tard, l’homme de 44 ans a été reconnu coupable en octobre dernier des meurtres de son exconjoint­e, Véronique Barbe, et d’un automobili­ste croisé par hasard, Yvon Lacasse.

La juge Myriam Lachance devra déterminer la période d’incarcérat­ion que devra purger Ugo Fredette avant d’être admissible à une libération conditionn­elle. La défense demande 25 ans, alors que la poursuite réclame plutôt une peine cumulative de 50 ans.

Si vous êtes victime de violence conjugale, vous pouvez appeler la ligne d’urgence de SOS violence conjugale au 1 800 363-9010.

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