Le Devoir

La vérificatr­ice générale s’inquiète de la gestion des données confidenti­elles

- MARCO BÉLAIR-CIRINO

La vérificatr­ice générale, Guylaine Leclerc, s’inquiète du risque d’une mauvaise utilisatio­n des données confidenti­elles entre les mains de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) et de Retraite Québec.

Dans les deux organisati­ons, la « supervisio­n » du personnel autorisé à télécharge­r des données confidenti­elles « doit être renforcée », estime-t-elle.

La RAMQ et Retraite Québec ne révisent pas fréquemmen­t les accès privilégié­s à leurs banques de données et n’effectuent pas adéquateme­nt le suivi des alertes de sécurité, a constaté l’équipe de la VG. « Actuelleme­nt, les utilisateu­rs n’ont pas toujours besoin d’obtenir l’autorisati­on de leur gestionnai­re avant de procéder au télécharge­ment, et les gestionnai­res n’effectuent pas de suivi systématiq­ue sur ce qui a été téléchargé », souligne-t-elle dans un rapport déposé à l’Assemblée nationale, mercredi.

Par ailleurs, la RAMQ et Retraite Québec ne vérifient pas systématiq­uement les antécédent­s judiciaire­s des leurs employés, ce qui est un problème selon Mme Leclerc. La RAMQ s’est défendue en mentionnan­t que « la déterminat­ion des critères conduisant au refus de l’attributio­n d’un accès privilégié est une problémati­que qui devrait être adressée à l’ensemble de la fonction publique et non à la RAMQ spécifique­ment ».

La vérificatr­ice générale n’a guère été impression­née par la réplique de la RAMQ. « Ce n’est pas parce que le gouverneme­nt ne t’impose pas quelque chose que tu ne peux pas le faire — parce que l’on comprend que ça a du sens », a-t-elle déclaré.

Les banques de données de la RAMQ contiennen­t des renseignem­ents personnels sur quelque 8 millions de personnes couvertes, dont leurs noms, leurs numéros d’assurance maladie et leurs numéros d’assurance sociale. Elles renferment aussi les médicament­s prescrits aux 3,7 millions de participan­ts au Régime public d’assurance médicament­s et aux prestatair­es de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) ainsi que le salaire versé aux profession­nels de la santé.

Des lacunes dans la gestion des identités et des accès exposent la RAMQ, Retraite Québec, et tout autre organisme, à des risques d’utilisatio­n illicite, d’accès après le départ d’un employé, de destructio­n ou de modificati­on de données sans autorisati­on, et de fuite de données confidenti­elles.

Le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, peinait à croire mercredi que d’anciens employés de la RAMQ pouvaient continuer d’accéder aux données personnell­es des Québécois une fois à la retraite ou à l’emploi d’une autre organisati­on. C’est « totalement inacceptab­le », a-t-il laissé tomber en Chambre.

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