Les voyageurs soumis à une prise de température
Après avoir dit pendant des semaines que cela était inutile, le gouvernement canadien change d’avis et rend obligatoire la prise de température corporelle des voyageurs aériens. Ceux arrivant de l’étranger seront testés dès la fin de juin, tandis que les autres seront visés seulement un ou deux mois plus tard.
Les compagnies aériennes auront la responsabilité de prendre la température corporelle des voyageurs à destination du Canada, y compris les citoyens canadiens. Quiconque fait de la fièvre sera interdit d’embarquement et devra réserver un autre vol au minimum 14 jours plus tard. Le ministre des Transports, Marc Garneau, a indiqué qu’il « travaille avec les compagnies aériennes pour qu’il n’y ait pas de pénalités ». Toutefois, il ne s’est pas engagé à dédommager les citoyens canadiens qui, étant interdits de retour, devront engager des frais de subsistance supplémentaires pendant ces deux semaines d’attente.
Les voyageurs du Canada se déplaçant à l’intérieur du pays ou vers l’étranger seront soumis à la prise de température à compter de la fin de juillet s’ils passent par les quatre plus grands aéroports du pays (Toronto, Montréal, Vancouver et Calgary) et à partir de la fin de septembre s’ils passent par les 11 aéroports principaux suivants.
Le ministre Garneau a tenu à préciser qu’une seconde prise de température, à 10 minutes d’intervalle, sera permise pour éviter de pénaliser des voyageurs dont la température corporelle aurait augmenté seulement parce qu’ils ont couru pour attraper leur vol, par exemple.
Cette décision d’Ottawa surprend car, encore en mai, l’administratrice en chef de la santé publique, la Dre Theresa Tam, soutenait que la prise de température « n’est pas efficace du tout » pour détecter les personnes infectées à la COVID-19 et que la meilleure protection consiste encore à obliger les voyageurs à s’isoler pendant 14 jours à leur arrivée à destination.
Le premier ministre Justin Trudeau a reconnu ce fait. « Ce n’est pas un moyen extrêmement efficace pour déceler la COVID-19, c’est sûr, a-t-il ajouté. Mais c’est un élément additionnel qui peut souligner si quelqu’un est malade et ne devrait pas voyager ou s’il pourrait peut-être avoir la COVID-19. » Le ministre Garneau a ajouté qu’Air Canada et WestJet avaient déjà commencé à prendre la température de leurs passagers.
Au moins deux semaines
Par ailleurs, M. Trudeau a annoncé que les soldats canadiens déployés dans les CHSLD du Québec pourront y rester encore au moins deux semaines, le temps qu’une solution plus pérenne, y compris le recours à la CroixRouge, soit concoctée avec le gouvernement de François Legault.
« Nous poursuivons nos discussions avec Québec en vue d’élaborer un plan à moyen terme qui nous permettra d’appuyer les efforts jusqu’au 15 septembre, a indiqué M. Trudeau. Ce plan inclut une participation active de la Croix-Rouge canadienne avec des gens payés, bien formés et qui seront
La confusion règne quant au nombre de militaires déployés dans les CHSLD au Québec
aussi efficaces que les membres des forces armées. »
L’entente initiale entre Ottawa et Québec garantissait le déploiement militaire jusqu’au 12 juin. Québec réclame la prolongation de leur présence jusqu’à la mi-septembre, le temps que les nouveaux préposés aux bénéficiaires devant être formés en accéléré cet été entrent en fonction. Le gouvernement fédéral a seulement accepté de prolonger la mission jusqu’au 26 juin.
Le nombre de soldats déployés au Québec n’est pas clair et fait l’objet de versions très divergentes selon qu’on se trouve à Ottawa ou à Québec. M. Trudeau a parlé de 1400 soldats (et ses ministres, de 1350), tandis que M. Legault a parlé cette semaine de 750 soldats. En date de mardi, les Forces armées parlaient plutôt de 933 soldats déployés.
M. Trudeau a expliqué qu’« au fur et à mesure que certains CHSLD reprennent le contrôle de la situation, les militaires sont redéployés dans d’autres [endroits], [que] ça prend une certaine évaluation et un certain processus et [que] c’est pour cela que les chiffres fluctuent ».
À Québec, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbeault, a indiqué par écrit qu’elle accueillait « avec ouverture » l’annonce d’Ottawa. « Mais il reste des éléments à clarifier. Nous maintenons qu’il nous faut de l’aide et du [soutien] jusqu’en septembre. »
Ottawa n’a jamais expliqué pourquoi les militaires ne peuvent pas rester jusqu’en septembre. François Legault s’est d’ailleurs demandé à haute voix cette semaine ce qu’ils avaient d’autre de plus urgent à faire. M. Trudeau a offert un début d’explication vendredi, en disant que les gens de la CroixRouge «pourront assumer la tâche sans avoir ce background militaire qui n’est pas nécessaire aux services qu’on offre dans les CHSLD».