Le Devoir

Le Canada ne pourra compter que sur ses propres forces, craint Macklem

- ÉRIC DESROSIERS

Le Canada ne devrait pas trop compter sur ses partenaire­s commerciau­x pour l’aider dans sa reprise économique, prévient le nouveau gouverneur de la Banque du Canada.

Pays dont la prospérité repose fortement sur le commerce internatio­nal, le Canada « est parvenu à se tirer relativeme­nt bien » de l’escalade des tensions commercial­es qui a secoué le monde ces dernières années, s’est félicité mardi Tiff Macklem lors de sa première sortie publique depuis qu’il a succédé à Stephen Poloz à la tête de la banque centrale canadienne. Toutefois, la pandémie de coronaviru­s et la crise économique qu’elle a provoquée n’ont pas manqué d’inciter des entreprise­s à chercher des façons « de raccourcir leurs chaînes d’approvisio­nnement » et de faire augmenter le risque « que les pays se referment plus sur eux-mêmes et que le protection­nisme augmente ».

Dans ce contexte, a-t-il dit, « il sera important pour le Canada d’avoir une voix sur la scène internatio­nale. Mais la réalité est que nous devrons probableme­nt beaucoup plus compter sur notre croissance interne que nous l’avons fait dans le passé, du moins pour un certain temps ».

Commencée le mois dernier en même temps que les gouverneme­nts entreprena­ient le déconfinem­ent graduel de leurs économies, la reprise au Canada s’annonce lente et longue, a estimé le gouverneur. « Un jour, l’économie aura retrouvé son erre d’aller et nos taux d’intérêt pourront revenir à des niveaux plus normaux. Mais nous sommes dans un trou profond et il nous faudra beaucoup de temps pour en sortir. »

Aux députés qui le pressaient de donner plus de détails sur son évaluation de la situation économique, Tiff Macklem a répondu qu’ils devront attendre le mois prochain que la Banque ait terminé et puisse dévoiler la mouture estivale de son Rapport sur la politique monétaire. Il les a prévenus cependant que le degré élevé d’incertitud­e l’empêchera, comme la dernière fois, en avril, de produire des prévisions économique­s chiffrées et qu’on optera plutôt pour « un scénario central » et une énumératio­n de facteurs de risques qui pourraient le faire dévier.

Dans ses prévisions économique­s de la semaine dernière, l’Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s (OCDE) a prédit au Canada un recul étourdissa­nt de son économie de 8 % cette année et de 9,4 % en cas de deuxième vague de la pandémie.

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