Le Devoir

Ottawa présentera un « portrait » budgétaire en juillet

- HÉLÈNE BUZZETTI

La mise à jour économique tant réclamée par l’opposition à la Chambre des communes aura finalement lieu, quoiqu’en version allégée, au beau milieu de l’été. Après s’y être opposé pendant des semaines au motif que l’exercice serait trop incertain, le gouverneme­nt fédéral présentera un « portrait » budgétaire le 8 juillet, lors d’une des quatre journées de travaux parlementa­ires prévues cet été pour traverser la période de pandémie.

« Ça va nous donner une mise à jour sur l’économie, sur la façon dont notre réponse se compare à celle d’autres pays et sur ce à quoi on pourrait s’attendre dans l’avenir », a expliqué M. Trudeau qui, en anglais, a parlé d’un « instantané » plutôt d’une « mise à jour » économique.

Le gouverneme­nt de Justin Trudeau n’a pas présenté de budget cette année. Il devait le faire le 30 mars dernier, mais à cause de la fermeture du Parlement, et du confinemen­t de la société en général, l’événement n’avait pas eu lieu. Depuis, M. Trudeau justifiait l’absence de chiffres par l’avenir trop incertain causé par la pandémie de coronaviru­s. Encore la semaine dernière, le premier ministre avait dit que d’établir « quel sera l’état de notre économie dans un an ou dans trois ans serait complèteme­nt de se baser sur des estimés et même des choix quasiment aléatoires ». Cela relèverait, avait-il ajouté, « de l’exercice d’invention et d’imaginatio­n ».

M. Trudeau a maintenu la ligne mercredi en soutenant que l’exercice du 8 juillet ne sera pas une mise à jour économique au sens traditionn­el du terme, avec des prévisions de soldes budgétaire­s sur plusieurs années, parce cela «serait encore irréaliste». Il s’agira plutôt d’un sommaire des dépenses engagées jusqu’à présent pour répondre à la crise de la COVID-19 ainsi que « quelques prévisions sur ce qu’on pourrait voir dans les prochains mois ».

Le Parti conservate­ur réclame une telle mise à jour depuis plusieurs semaines, et le Bloc québécois s’était rangé à cette idée il y a quelques jours. Ni un ni l’autre n’est satisfait.

« Pourquoi attendre le mois de juillet» quand tout le monde sera en vacances, a demandé le député conservate­ur Alain Rayes. « C’est un manque de respect. »

Le bloquiste Gabriel Ste-Marie a abondé dans le même sens et supputé que si le gouverneme­nt fédéral ne fait pas de mise à jour plus tôt, c’est parce qu’« il veut clairement que ça passe dans le beurre ». « Qu’a-t-il à cacher ? »

M. Rayes a rappelé que Terre-Neuve avait présenté une mise à jour économique il y a deux semaines et la Saskatchew­an, un budget en début de semaine. Ces deux provinces n’ont toutefois presque plus aucun cas actif de COVID. Le Québec, qui en a encore beaucoup, présentera quant à lui une mise à jour économique ce vendredi. Son budget du 10 mars avait vite été caduc. « Si c’est une invention comme [M. Trudeau] dit, comment se fait-il que les provinces sont capables, elles, de donner l’heure juste ? », a demandé M. Rayes.

M. Trudeau a promis une vraie mise à jour économique ou un budget « quand la situation se sera stabilisée ».

Les dernières prévisions financière­s d’Ottawa remontent à la mise à jour de décembre dernier. À cette époque, le gouverneme­nt fédéral prédisait un déficit de 28 milliards de dollars pour l’année 2020-2021 en cours. Depuis, le Directeur parlementa­ire du budget a prédit que le déficit pourrait atteindre 252 milliards. Et cela, avant même que d’autres annonces coûteuses ne soient faites.

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