Le frère de George Floyd appelle l’ONU à l’aide
Il demande entre autres une commission d’enquête indépendante sur les personnes noires tuées par la police aux États-Unis
Le frère de George Floyd a appelé mercredi les Nations unies à « aider les Américains noirs » lors d’un débat exceptionnel à l’ONU au cours duquel une haute responsable onusienne a plaidé pour des réparations après « des siècles » de violences raciales.
Cette discussion sur le racisme et les violences policières convoquée à la demande des pays africains doit se poursuivre jeudi devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, instance que les États-Unis ont quittée en 2018. La réunion fait suite au mouvement historique qui secoue les États-Unis depuis la mort, le 25 mai à Minneapolis (Minnesota), de George Floyd, un quadragénaire noir asphyxié par un policier blanc.
« Vous avez le pouvoir de nous aider à obtenir justice », a lancé son frère, Philonise Floyd, dans un message vidéo au ton très combatif diffusé lors de la réunion à Genève, en demandant une « commission d’enquête indépendante sur les personnes noires tuées par la police aux États-Unis et sur la violence déployée contre des manifestants pacifiques ».
La haute-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a dénoncé pour sa part un « acte de brutalité gratuite » symbolisant « le racisme systémique ».
Ce débat survient après le lancement mardi par le président américain, Donald Trump, d’une réforme limitée de la police avec un décret interdisant les prises controversées d’étranglement, sauf en cas de danger pour la vie du policier. Des mesures qui ne devraient guère satisfaire les manifestants américains qui réclament, entre autres, l’interdiction pure et simple de ces prises.
Réparations
Sans mentionner les États-Unis, M me Bachelet a dénoncé « la violence raciale, le racisme systémique et les pratiques policières discriminatoires d’aujourd’hui », déplorant « l’incapacité à reconnaître et à affronter l’héritage de la traite des esclaves et du colonialisme ».
« Nous devons faire amende honorable pour des siècles de violence et de discrimination, au travers notamment d’excuses officielles, de processus de vérité et des réparations sous diverses formes », a-t-elle dit.
Avant l’ouverture des débats, une vingtaine de hauts fonctionnaires des
Nations unies d’origine ou d’ascendance africaine, parmi lesquels le chef de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avaient eux aussi signé à titre personnel une déclaration pour indiquer que « la simple condamnation des expressions et des actes de racisme ne suffit pas ».
Jeudi, le Conseil doit se prononcer sur le projet de résolution présenté par le groupe africain condamnant « les pratiques raciales discriminatoires et violentes des forces de l’ordre contre les Africains et les personnes d’origine africaine et le racisme endémique structurel du système pénal, aux États-Unis et dans d’autres parties du monde ».
Dans sa version initiale, le texte réclamait l’établissement d’une commission d’enquête internationale indépendante, une structure de haut niveau généralement réservée aux grandes crises, comme le conflit syrien.
Une nouvelle version du texte se contente de demander à Michelle Bachelet « d’établir les faits et les circonstances relatives au racisme systémique, aux violations présumées du droit international en matière de droits de la personne et les mauvais traitements contre les Africains et les personnes d’origine africaine ».