Le Devoir

Tante Jemima et oncle Ben, des clichés qui vont disparaîtr­e

- CHRISTOPHE VOGT À WASHINGTON AGENCE FRANCE-PRESSE

Tante Jemima et oncle Ben ont fait leur temps. Leur visage noir au sourire éclatant, comme autant de stéréotype­s afro-américains datés, devrait bientôt disparaîtr­e des rayons des supermarch­és américains, les marques comprenant que l’époque a changé, sous la pression de la rue.

Aunt Jemima, une femme noire emblématiq­ue qui orne les bouteilles de sirop doré et les préparatio­ns pour pancakes de Quaker Oats dans les rayons américains depuis plus de 130 ans, perpétue « des stéréotype­s raciaux » et va disparaîtr­e d’ici la fin de l’année, a promis mardi l’entreprise, qui appartient au groupe Pepsico.

Dans la foulée, Mars, un autre géant de l’agroalimen­taire mondial, a reconnu dans un communiqué « que le temps est venu de faire évoluer la marque Oncle Ben’s, y compris son identité visuelle, et c’est ce que nous allons faire ».

Mais Mars est resté vague sur ce qu’il comptait faire de sa marque de riz et n’a pas promis d’abandonner l’image. « Nous ne savons pas pour le moment quels vont être exactement les changement­s apportés ni selon quel calendrier, mais nous évaluons toutes les possibilit­és », précise le communiqué.

Quaker Oats en revanche va se débarrasse­r entièremen­t de la facture visuelle de la marque d’ici la fin de l’année et changera ensuite le nom.

Aunt Jemima, une femme à la peau sombre et au sourire éclatant, évoque les servantes noires du sud des ÉtatsUnis, et par associatio­n le passé d’abord esclavagis­te, puis ségrégatio­nniste de cette partie des États-Unis, où la minorité noire reste soumise à de nombreuses discrimina­tions.

L’image de tante Jemima a évolué au fil du temps, « mais pas assez » reconnaît Quaker Oats.

Quant à oncle Ben, il évoque forcément les plantation­s de coton ou de riz qui, exploitées seulement grâce aux esclaves, ont fait la richesse du sud ayant déclenché une guerre civile sanglante pour tenter de préserver ce système coûte que coûte.

Les ÉtatsUnis et leurs entreprise­s se sont plongés dans une vaste introspect­ion sur la place faite à la population afroaméric­aine dans la société et le racisme systémique qui la frappe et perpétue les inégalités

Les entreprise­s agissent

Les États-Unis connaissen­t depuis plus d’un mois des manifestat­ions massives dénonçant la violence policière faite aux Afro-Américains, et plus largement le racisme en général et l’héritage de centaines d’années d’esclavagis­me.

Face à la pression de la rue et des réseaux, le pays — et ses entreprise­s — s’est plongé dans une vaste introspect­ion sur la place faite à la population afro-américaine dans la société et le racisme systémique qui la frappe et perpétue les inégalités.

Quaker Oats et Mars, dont les produits, comme ceux des marques Aunt Jemima et Oncle Ben’s, sont omniprésen­ts dans les supermarch­és américains, sont les deux dernières entreprise­s en date à réagir.

Mais avant elles de nombreuses autres ont embrassé le slogan « Black lives matter » et promis d’amender leurs méthodes de recrutemen­t pour faciliter l’embauche de membres des minorités visibles ou encore de verser de l’argent pour améliorer l’intégratio­n de la communauté.

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JUSTIN SULLIVAN AGENCE FRANCE-PRESSE Quaker Oats va se débarrasse­r entièremen­t de la facture visuelle de la marque Aunt Jemima d’ici la fin de l’année.

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