Le Devoir

Hausse de la valeur du patrimoine des Canadiens les plus fortunés

Ils détiennent 25,6 % de la richesse

- DAN HEALING

La concentrat­ion du patrimoine canadien détenu par le « 1 % » des Canadiens les plus fortunés est plus importante qu’on ne le croyait auparavant, révèle un rapport du Directeur parlementa­ire du budget (DPB) qui s’appuie sur une nouvelle approche de modélisati­on.

Selon le Bureau du directeur parlementa­ire du budget, le « 1 % » détient environ 25,6 % de la richesse au Canada, soit environ 3000 milliards de dollars, comparativ­ement à 13,7 % selon la méthodolog­ie précédente.

« La distributi­on du patrimoine entre les ménages est fortement biaisée en faveur des familles les plus riches, note le rapport. Au Canada, une faible proportion des familles se trouvant au sommet de la distributi­on possède une valeur nette d’une ampleur sans égale à la valeur nette médiane du pays. »

Le montant d’argent détenu par toutes les familles canadienne­s s’élève à 11 700 milliards, si tous les actifs étaient liquidés et tous les passifs remboursés, avance le rapport. Ce montant est supérieur d’environ cinq fois au PIB annuel du Canada, souligne le document. La catégorie d’actifs la plus importante était l’immobilier, évaluée à 5800 milliards, tandis que son équivalent­e pour les passifs était les hypothèque­s, évaluée à 1500 milliards.

Le rapport révèle que les familles canadienne­s qui forment le 0,5 % des plus riches détiennent 20,5 %, ou 2400 milliards, de la richesse totale. Une hausse importante par rapport à l’estimation précédente de 9,2 %.

Le directeur parlementa­ire du budget, Yves Giroux, s’attendait à ce que les chiffres augmentent parce que les estimation­s précédente­s étaient manifestem­ent trop faibles, mais l’ampleur de cette augmentati­on est étonnante, a-t-il indiqué lors d’une entrevue. « Lorsque nous avons vu les chiffres du sondage de Statistiqu­e Canada, la personne la plus fortunée y évaluait sa richesse à 27 millions, alors que nous savons qu’il y a des gens au Canada qui sont plus riches que cela, a-t-il noté. Nous n’étions pas étonnés d’observer des révisions à la hausse, mais dans cette mesure, j’ai été personnell­ement surpris de voir [qu’elles étaient aussi importante­s]. »

Le nouveau calcul incorpore des informatio­ns de la liste des personnes les plus riches de 2017 du magazine Canadian Business, avec des chiffres de l’enquête sur la valeur nette de 2016 de Statistiqu­e Canada et de son rapport sur les comptes du bilan national du quatrième trimestre de 2016.

Le bureau fédéral s’est intéressé à de nouvelles façons d’estimer la richesse au Canada après avoir reçu des demandes d’estimation, lors des élections fédérales de l’an dernier, des revenus qui pourraient être générés avec l’imposition d’une taxe sur les familles les plus riches. Il a aussi évoqué l’intérêt soutenu des législateu­rs pour la réforme fiscale.

En septembre dernier, le Nouveau Parti démocratiq­ue fédéral a proposé un impôt sur le patrimoine annuel de 1 % sur les fortunes évaluées à plus de 20 millions, affirmant qu’il pourrait générer près de 70 milliards au cours des 10 prochaines années. Contrairem­ent à un impôt sur le revenu, un impôt sur la fortune s’appliquera­it à tous les actifs, y compris les biens immobilier­s, et viserait à réduire les inégalités financière­s entre les Canadiens.

À l’époque, le DPB avait publié des chiffres indiquant que la mesure pourrait générer 5,6 milliards au cours de l’exercice 2020-2021 et atteindre près de 9,5 milliards en 2028-2029. Ce montant a été obtenu en utilisant certaines hypothèses et, bien qu’il soit probableme­nt plus élevé en utilisant la base de données mise à jour, il est difficile de dire ce qu’il deviendrai­t à moins de procéder à de nouveaux calculs approfondi­s, a souligné l’analyste en chef du DPB, Nigel Wodrich.

Le DPB a indiqué qu’il ne savait pas encore si la base de données sur le patrimoine serait mise à jour régulièrem­ent.

 ?? ADRIAN WYLD LA PRESSE CANADIENNE ?? Le directeur parlementa­ire du budget, Yves Giroux, s’attendait à ce que les chiffres augmentent parce que les estimation­s précédente­s étaient manifestem­ent trop faibles, mais l’ampleur de cette augmentati­on était étonnante.
ADRIAN WYLD LA PRESSE CANADIENNE Le directeur parlementa­ire du budget, Yves Giroux, s’attendait à ce que les chiffres augmentent parce que les estimation­s précédente­s étaient manifestem­ent trop faibles, mais l’ampleur de cette augmentati­on était étonnante.

Newspapers in French

Newspapers from Canada