Les livreurs de Foodora avaient voté pour le syndicat
Ce sont les premiers travailleurs de services basés sur une application à y avoir droit au Canada
Alors que le service de livraison de repas Foodora a quitté le Canada en mai, on apprend que ses livreurs à Toronto et à Mississauga avaient bel et bien voté majoritairement pour la syndicalisation. Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), auprès duquel ils avaient choisi de se syndiquer, a fait savoir que ces livreurs s’étaient prononcés à 88,8 % pour la syndicalisation. Il s’agit des premiers travailleurs de services basés sur une application à se syndiquer au Canada.
Le résultat du dépouillement des votes vient seulement d’être annoncé, bien que le vote d’accréditation syndicale avait eu lieu il y a neuf mois. Les bulletins de vote avaient en effet été placés sous scellé, à cause d’une contestation quant à l’admissibilité du vote.
En février dernier, la Commission des relations de travail de l’Ontario avait statué que ces livreurs de repas s’apparentaient bel et bien à des employés ou à des sous-traitants dépendants, et non à des sous-traitants indépendants. Ils avaient donc le droit de se syndiquer.
Marché difficile
Mais Foodora a annoncé, en avril, qu’elle allait cesser ses activités au Canada le 11 mai. L’entreprise a nié qu’il y avait un lien avec la campagne de syndicalisation des livreurs. Elle avait plutôt évoqué les conditions de marché au Canada, en expliquant que le marché canadien était difficile et que le niveau de rentabilité n’était pas suffisant pour y poursuivre ses activités.
Le STTP, quant à lui, y voit tout de même une victoire pour le droit à la syndicalisation. « Les gens disaient qu’il était impossible de syndiquer les travailleuses et travailleurs de l’économie des petits boulots, mais ces livreuses et livreurs viennent de prouver que c’est possible. Le départ de Foodora n’enlève rien à ce que ces travailleuses et travailleurs ont accompli. Ils ont ouvert la voie pour que toutes les personnes ayant un statut d’emploi précaire puissent obtenir des droits et se syndiquer », a déclaré Jan Simpson, présidente nationale du STTP.