Le Devoir

Une mise à jour qui soulève des questions

- FRANÇOIS DESJARDINS

La mise à jour économique présentée par Québec vendredi a suscité des réactions allant de l’optimisme à la prudence, certaines organisati­ons saluant les marges de manoeuvre toujours disponible­s tandis que d’autres auraient apprécié plus de détails sur des appuis ciblés pour la relance.

Du côté syndical, on s’est interrogé sur le maintien du versement de 2,6 milliards au Fonds des génération­s en signalant que la somme aurait pu être consacrée au redémarrag­e et aux services publics.

La situation budgétaire dévoilée par le ministre des Finances — qui décrit une contractio­n économique de 6,5 % cette année, un déficit jamais vu de 14,9 milliards et un retour à l’équilibre sur cinq ans — ne fournit pas de perspectiv­es sur l’après-mars 2021, a déploré de son côté l’équipe d’économiste­s du Mouvement Desjardins. « On se doute que l’améliorati­on des conditions économique­s permettra une réduction du déficit budgétaire à partir de 2021, mais à quel point ? » a-t-elle écrit. Et puisque la réserve de stabilisat­ion a été liquidée, la marge prévue par la Loi sur l’équilibre budgétaire sera plus étroite.

Les Manufactur­iers et Exportateu­rs du Québec, qui oeuvrent dans un secteur comptant pour 14 % de l’économie, auraient aimé voir de nouvelles mesures destinées spécifique­ment à leurs membres. Le regroupeme­nt réclame notamment une aide directe pour la robotisati­on et davantage de crédit pour la recherche et le développem­ent. De plus, « avec la prolongati­on annoncée de la Prestation canadienne d’urgence, de nouvelles mesures incitative­s seront nécessaire­s pour favoriser le retour au travail », car le recrutemen­t est laborieux.

« Limiter le risque »

Le gouverneme­nt a bien fait de puiser dans la réserve de stabilisat­ion et de mettre de côté 4 milliards pour une deuxième vague, ont souligné dans une déclaratio­n commune la FTQ, la CSN, la CSQ et la CSD. S’il est bien que Québec prenne « le temps qu’il faut pour revenir à l’équilibre », le président de la FTQ, Daniel Boyer, a toutefois affirmé que « le gouverneme­nt devra être au rendez-vous pour améliorer les conditions et les salaires des travailleu­rs du secteur public ».

Québec a récemment offert une augmentati­on de 5 % des salaires sur trois ans, de même que des mesures sectoriell­es et autres bonificati­ons. Dans le document de vendredi, on mentionne qu’en raison des circonstan­ces « exceptionn­elles », « la capacité gouverneme­ntale de maintenir cette propositio­n pourrait évoluer rapidement ».

La santé financière qui prévalait avant la pandémie aura eu pour effet de « limiter le risque de dérapage » des finances publiques pour la suite des choses, a fait valoir la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain, selon laquelle le retour à l’équilibre sur cinq ans est un objectif « réaliste » qui se fera sans hausse d’impôt et de taxes. Ce dernier point a également été mentionné par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te, qui représente les PME. Celles-ci auront encore besoin d’aide et devraient figurer au centre des priorités du plan économique, a-t-elle dit.

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