Le Devoir

De nouveaux modèles plus balisés que jamais

- Natalia Wysocka

La pandémie a cruellemen­t mis en lumière la catastroph­e de la distanciat­ion sociale dans un milieu qui carbure à l’échange et à la communion. Une deuxième vague ne changera rien à cette essence, même avec l’émergence de nouveaux modèles, plus modestes, plus balisés que jamais, qui se mettent prudemment en place. Car la crise nous a appris que même si l’imaginaire est du côté des artistes, il vient un moment où l’expression « se réinventer » ne passe plus. Que les arts vivants ne sont PAS les arts numériques. Qu’il est temps, en la matière, que les GAFAM paient leur part. Que le modèle financier est en miettes, qu’il faut le repenser, le solidarise­r. Qu’un budget de 400 millions de dollars, ça inclut pas mal de vieil argent. On a aussi compris qu’un concert sur Facebook Live, c’est chouette, mais que 107 concerts sur Facebook Live, c’est aliénant. Qu’il n’y a rien comme flâner en librairie. Qu’il ne faut jamais tenir pour acquise l’action de flâner, par ailleurs. Qu’Olivier Kemeid a une sacrée belle plume. Que les maquilleur­s et les coiffeurs sont des créateurs d’une importance capitale. Que même le premier ministre attend la fin de District 31. Que rien ne remplacera jamais une sortie au théâtre. Que les émissions devant public sans public, c’est bien aussi. Que CAMILO est un héros. Que Ricardo a une superfibre de youtubeur. Que même un vil éleveur de tigres à la coupe Longueuil peut devenir une star planétaire. Mais, fondamenta­lement, on a compris que sans culture, ce confinemen­t aurait été diablement plus douloureux.

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