L’Europe face à un dilemme
Mike Pompeo a exhorté l’UE à choisir « la liberté » américaine plutôt que la « tyrannie » chinoise
Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a livré vendredi l’un de ses réquisitoires les plus sévères contre la Chine en exhortant l’Europe à choisir clairement. « Le Parti communiste chinois veut vous obliger à choisir » entre les États-Unis et la Chine, a-t-il prévenu lors d’une intervention virtuelle au sommet sur la démocratie de Copenhague. « On ne peut pas enjamber cette alternative sans renier qui nous sommes. Les démocraties qui dépendent de régimes autoritaires ne méritent pas leur nom », a-t-il martelé avant le sommet de lundi prochain entre les dirigeants des institutions européennes et le premier ministre chinois, Li Keqiang. « J’espère entendre davantage de déclarations publiques de la part de l’Europe au sujet du défi chinois […] pour ne laisser aucune place à la confusion dans le choix entre la tyrannie et la liberté », a-t-il ajouté.
« L’Union européenne doit se positionner à un moment où les tensions entre les États-Unis et la Chine constituent l’axe principal de la politique mondiale, alors que les pressions pour “choisir son camp” augmentent », avait souligné le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, avant cette rencontre, tout en refusant de « s’engager dans une quelconque guerre froide » avec le géant asiatique. À son issue, il avait dit avoir proposé « de poursuivre le dialogue bilatéral sur la Chine », sans avoir obtenu de réponse immédiate côté américain.
Vendredi, le secrétaire d’État a énuméré tous les griefs américains. Le Parti communiste chinois, un « acteur voyou », « a décrété la fin de la liberté à Hong Kong » en « violation » de ses engagements internationaux, a-t-il dit. Le président chinois, Xi Jinping, « a donné son feu vert » à « une violation des droits de la personne d’une ampleur inédite depuis la Seconde Guerre mondiale » contre les musulmans ouïghours. Il a encore accusé l’armée chinoise de provoquer une « escalade des tensions frontalières avec l’Inde » et de « militariser la mer de Chine méridionale ».
Mike Pompeo, considéré comme le faucon anti-Chine du président américain, Donald Trump, a rappelé que les États-Unis les tenaient pour responsables d’avoir « menti sur le coronavirus » et d’avoir « permis sa propagation à travers le monde ». Et il a dénoncé les « pressions » pour que tous les pays donnent accès au géant chinois des télécoms Huawei, « un outil de l’État de surveillance » instauré selon lui par le pouvoir communiste.