Le Devoir

Un déconfinem­ent à haut risque

L’OMS avait recensé jeudi plus de 150 000 nouveaux cas, un record sur une seule journée depuis le début de l’épidémie

- ROBIN MILLARD

Le déconfinem­ent est à l’ordre du jour dans de nombreux pays touchés par la pandémie de coronaviru­s, mais cela fait entrer le monde dans une « phase dangereuse », a mis en garde vendredi l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS). « Le virus continue de se propager rapidement, il reste mortel et la plupart des personnes restent exposées », a averti le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesu­s, précisant que ses services avaient recensé jeudi plus de 150 000 nouveaux cas, un record sur une seule journée depuis le début de l’épidémie. Près de la moitié de ces cas a été enregistré­e sur le continent américain et la pandémie progresse également en Asie

Le virus responsabl­e du rebond épidémique à Pékin serait une version ayant circulé sur le continent européen il y a plusieurs semaines ou mois

du Sud et au Moyen-Orient.

Le chiffre des 458 000 morts (et plus de 8,6 millions de cas) a été franchi vendredi, selon des statistiqu­es officielle­s collectées par l’AFP, mais que les experts estiment largement sousestimé­es. M. Ghebreyesu­s a admis que « beaucoup de gens sont évidemment fatigués de rester chez eux. Les pays sont désireux de rouvrir leur société et leur économie », mais la fin des mesures de confinemen­t ou de restrictio­n à la mobilité fait « entrer le monde dans une phase nouvelle et dangereuse », a-t-il prévenu.

En Italie, les autorités sanitaires ont observé la semaine dernière des « signaux d’alerte liés à la transmissi­on » de la COVID-19, notamment à Rome, indiquant que « la circulatio­n du virus est encore importante » et ont pour cela lancé vendredi un appel « à la prudence ». Deux foyers ont été trouvés ces derniers jours dans Rome, où les autorités sanitaires assurent que la situation est « sous contrôle » : l’un dans un immeuble illégaleme­nt occupé d’un quartier populaire, l’autre dans un hôpital. « Cela devrait inciter à la prudence, car cela indique que dans certaines parties du pays, la circulatio­n du virus est encore importante », pointe le rapport hebdomadai­re pour la semaine du 8 au 14 juin de l’Institut supérieur de la santé (ISS).

Dans le pays, des experts partis à la recherche de traces du virus dans des échantillo­ns d’eaux usées ont déterminé qu’il était présent dans les égouts de Milan et de Turin dès le mois de décembre 2019, soit deux mois avant que le premier malade ne soit recensé dans le pays. L’Institut cite également une étude espagnole qui a identifié le virus dans les eaux usées de Barcelone recueillie­s vers la mi-janvier, « environ 40 jours avant la notificati­on du premier cas autochtone » en Espagne. « Nos résultats confirment l’évidence acquise désormais au niveau internatio­nal sur l’importance de la surveillan­ce du virus dans les échantillo­ns prélevés dans les eaux usées », assure Luca Lucentini, un responsabl­e de l’ISS. Cette technique sera mise en oeuvre en juillet avec la surveillan­ce d’éventuelle­s traces du virus dans les eaux usées dans des localités touristiqu­es italiennes.

Sur le front de la pandémie, 25 nouveaux cas ont été recensés vendredi à Pékin, portant à 183 le nombre des nouveaux malades depuis la semaine dernière dans la capitale chinoise de 21 millions d’habitants. Les autorités chinoises ont publié des données scientifiq­ues laissant penser que le virus responsabl­e du rebond épidémique à Pékin serait une version ayant circulé sur le continent européen il y a plusieurs semaines ou mois. « Il est possible que le virus qui provoque aujourd’hui une épidémie à Pékin ait voyagé depuis Wuhan jusqu’à l’Europe et soit maintenant revenu en Chine », estime Ben Cowling, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Hong Kong.

Aux États-Unis, où un rebond du coronaviru­s a été observé dans une vingtaine d’États, notamment dans le sud et l’ouest du pays, l’expert en maladies infectieus­es Anthony Fauci a estimé, dans un entretien avec l’AFP, que de nouvelles mesures de confinemen­t ne seront pas nécessaire­s. Selon lui, il faut privilégie­r une gestion très locale et souple de l’épidémie. Les États-Unis, où près de 120 000 décès ont été déplorés, sont de loin le pays le plus touché au monde par la pandémie.

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JEWEL SAMAD AGENCE FRANCE-PRESSE Le seuil des 8,6 millions de cas et plus de 458 000 morts a été franchi vendredi, selon des statistiqu­es officielle­s.

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