Le Devoir

Québécois et Premières Nations, nous pouvons améliorer notre façon de vivre ensemble

- Ghislain Picard Chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL)

Depuis quelques mois, nous vivons tous une période très particuliè­re. Personne n’a vu venir cette pandémie de COVID-19. Elle est venue chambarder nos vies et a des conséquenc­es sur les relations entre les Premières Nations et l’ensemble des Québécois.

D’une part, la pandémie nous éloigne. À cause d’elle, nous ne pourrons sans doute pas vous accueillir chez nous, comme nous le faisons de plus en plus chaque année, pour prendre part à nos powwow, aux célébratio­ns de nos cultures. Nous ne pourrons probableme­nt pas non plus vous accueillir à l’événement « KWE ! À la rencontre des peuples autochtone­s » que nous avons maintenant l’habitude de tenir au début de septembre. C’est très regrettabl­e, puisque vous y participez de plus en plus nombreux d’année en année, et c’est une occasion exceptionn­elle de mieux nous connaître. Ce n’est que partie remise, souhaitons-le.

D’autre part, la pandémie nous rapproche. En effet, nous avons tous, Québécois et Premières Nations, pris des mesures sévères pour protéger nos familles, nos enfants, nos aînés. Nous avons tous dû prendre nos responsabi­lités devant une menace très sérieuse. Nous avons partagé les mêmes inquiétude­s et sommes encore tous aux aguets. Des occasions de partage et de collaborat­ion entre nous se sont ainsi présentées.

En plus de ce contexte déjà difficile, depuis quelques semaines, un autre problème très grave a refait surface. Des circonstan­ces tragiques ont attiré l’attention de tous sur des manifestat­ions de discrimina­tion et de racisme totalement inacceptab­les, des événements qui ont coûté la vie à des êtres humains et qui compromett­ent également la vie d’une société. Tel que nous l’avons fait pour la COVID-19, il nous faut tous faire face à cet autre fléau, celui du rejet de l’Autre.

Le message que l’Assemblée des Premières Nations QuébecLabr­ador porte aujourd’hui à l’ensemble de la population à l’occasion de la Journée nationale des

Autochtone­s est une invitation à réfléchir sur nos relations, à nous accepter tels que nous sommes, les uns et les autres. Il ne s’agit pas ici de se pointer du doigt, mais plutôt de se demander comment, concrèteme­nt, nous pouvons améliorer notre façon de vivre ensemble, dans le respect mutuel.

Il y a des politicien­s qui n’osent pas nommer les choses, appeler un chat un chat, un castor un castor, et qui font passer leur intérêt politique avant l’améliorati­on du vivre-ensemble. D’autres qui ont plus de courage et qui sont prêts à passer à l’action. Les tentatives de camouflage politique ne doivent pas empêcher les citoyens, individuel­lement et collective­ment, de voir la réalité en face et de tenter de corriger ce qui ne va pas. C’est ainsi que nous pourrons, ensemble, convaincre les politicien­s de prendre leurs responsabi­lités, de prendre au sérieux les recommanda­tions en matière de lutte contre la discrimina­tion et le racisme qui leur sont faites par les commission­s qu’ils ont eux-mêmes mandatées, de cesser d’avoir peur des mots, et encore plus de poser les gestes qui pourtant s’imposent.

Lorsque la prochaine occasion se présentera, l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador souhaite que les Québécois et les membres des Premières Nations aient beaucoup de choses à se dire au bénéfice de relations mutuelles respectueu­ses et progressis­tes.

Dans la Paix et l’Amitié.

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