Cultiver sa propre médecine
Faute de pouvoir travailler, Chloé Robertson et Jonathan Audet ont profité de l’abondance de temps des derniers mois pour bâtir leur premier jardin urbain. Plus qu’un potager, leur havre de paix niché sur le Plateau renoue avec les vertus médicinales des plantes.
D| ans ses Laurentides natales, Chloé a passé de nombreux étés à observer sa grandmère plonger ses mains dans la terre. « Elle ne m’enseignait pas tant de choses que ça, mais je la regardais aller, et puis j’ai simplement toujours été intéressée par les plantes », explique-t-elle.
Arrivée à Montréal, la jeune femme approfondit ses connaissances, tour à tour chez son frère à Verdun puis dans son appartement, où elle habite depuis bientôt six ans. Les années passent, les journées sont remplies et le temps manque toujours un peu pour se consacrer pleinement à cette passion florissante.
Jusqu’au jour où la COVID-19 suspend la frénésie du quotidien brutalement. Chloé, massothérapeute et professeure de yoga, et son compagnon, Jonathan, DJ et barman, se retrouvent sans travail.
Bien que morose, le moment était tout indiqué pour élargir leur nid végétal. Dès les premiers soubresauts du printemps, les semis coiffés de lumières à néons ont parsemé l’appartement du couple. Depuis quelques semaines, la majorité des « bébés » profitent de l’extérieur, et les amis de Chloé et Jonathan, de petits semis reçus en cadeau. Le pouvoir de l’herboristerie Outre l’occasion de faire pousser sa propre nourriture, Chloé se passionne pour le pouvoir guérisseur des plantes. Elle suit actuellement une formation à distance avec L’Herbothèque, située à Lantier dans les Laurentides.
La massothérapeute propose fréquemment à ses clients des remèdes à base de plantes, comme la fleur de framboisier pour équilibrer le système reproducteur féminin ou le pissenlit pour soutenir le foie. Dans ses retraites en forêt, elle ajoute les bienfaits de la nature au yoga, à la méditation et aux rituels.
« C’est une manière de nous redonner le pouvoir sur notre alimentation et, plus largement, sur notre qualité de vie, et de réapprendre le contact avec la nature et de découvrir ce qu’elle nous offre comme médecine », souligne-t-elle.
Les pots disposés sur le balcon de l’appartement se composent principalement d’arbres fruitiers, de fines herbes et, vous l’aurez deviné, d’herbes médicinales. La plupart des semences proviennent des Semences du Portage, à Montréal.
Les graines ont été commandées assez tôt dans la saison, ce qui a permis au duo d’éviter la rareté dans les pépinières causée par la COVID-19. Des semaines durant, ils se sont copieusement abreuvés aux conseils d’employés de la quincaillerie du coin et du soutien de groupes Facebook.
La jardinière en herbe a saupoudré presque tous ses pots de l’achillée millefeuille. « La plante dégage des huiles essentielles qui renforcent les autres végétaux environnants. C’est un excellent remède sur le plan du système reproducteur féminin et un anti-inflammatoire sur le plan du métabolisme », explique Chloé.
Le basilic côtoie pareillement les feuilles naissantes des plants de tomates, car ils se nourrissent mutuellement, aussi bien dans la terre que dans l’assiette.
Avec la pandémie, le thym s’est aussi naturellement imposé. La vivace est connue pour ses qualités antivirales et antibactériennes. Dans la région méditerranéenne, elle était fréquemment utilisée pour prévenir les épidémies. Elle se consomme en tisane ou peut servir de base d’huile pour le corps. En plus de soutenir le système immunitaire, le thym calme les bronches et, par conséquent, la toux.
Tous les matins, la jeune femme s’émerveille de la croissance des semences : « On revient à la richesse de s’investir et de prendre le temps, conclut-elle. Il suffit d’en prendre juste assez, pas plus que ce dont on a besoin. »