Le Devoir

DES PISTES DE SOLUTIONS

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ensemble, cultivons la santé psychologi­que au travail

L’Associatio­n canadienne pour la santé mentale (ACSM) – Filiale de Montréal offre des formations personnali­sées aux équipes de travail et aux entreprene­urs.

La crise de la COVID-19 aura eu un impact sur une multitude de facettes de notre vie, soit sur la plupart des éléments qui déterminen­t notre santé. De plus, nous savons que l’environnem­ent social et politique, la situation financière et familiale ainsi que le milieu de vie entre autres influencen­t la santé psychologi­que de la population. La crise aura ainsi bien démontré les besoins dans le domaine de la santé mentale, qui se manifesten­t dans de nombreux secteurs de la vie, notamment en milieu de travail.

Pour la directrice, ceci pourrait avoir pour effet souhaitabl­e de provoquer une sorte de démocratis­ation des problèmes de santé mentale, permettant d’ouvrir la discussion et de changer les perception­s. « On peut mieux démontrer que les problèmes de santé mentale ne sont pas réservés aux personnes qui ont des diagnostic­s avérés, et qu’il est possible d’avoir une bonne santé mentale malgré un diagnostic », note Geneviève Fecteau, directrice générale de l’ACSM pour la division du Québec et la filiale de Montréal. On doit absolument se préoccuper de la santé mentale de la population pour éviter une autre pandémie.

« La santé mentale est devenue beaucoup plus visible au niveau des préoccupat­ions de santé publique. La pandémie met également en relief les inégalités par rapport à la capacité d’adaptation d’une personne à l’autre, ainsi qu’aux facteurs de risque et de protection, qui diffèrent d’un groupe de la population à un autre. Il sera donc important que les travailleu­rs comprennen­t tout l’impact que la situation va amener dans leur vie, tant à court, moyen et plus long terme », souligne la directrice.

Avant même la pandémie, l’Organisati­on mondiale de la santé avait déclaré que les troubles de santé mentale étaient la première cause d’invalidité. Depuis le début de la crise, de plus en plus de sondages et d’études démontrent les impacts de la pandémie sur la santé psychologi­que des travailleu­rs. En avril 2020, Morneau Shepell publiait un sondage qui indiquait que trois Canadiens sur quatre ont senti une détériorat­ion de leur santé mentale et une augmentati­on significat­ive du niveau de stress depuis le début du confinemen­t, un changement dont on devine les impacts immédiats sur les milieux de travail. Les répercussi­ons touchent de multiples fronts : rétention, productivi­té, relation entre employés… Geneviève Fecteau ajoute qu’« avec le déconfinem­ent, Ies employés vont devoir composer avec les attentes de leurs supérieurs, avec les mesures prescrites par les autorités en matière de prévention de la transmissi­on du virus, mais aussi avec les enjeux personnels qui se sont accumulés au cours des derniers mois », explique-t-elle.

Des ateliers salvateurs

Comment agir? « La santé mentale des travailleu­rs ne dépend pas que d’eux, mais aussi de l’organisati­on du travail elle-même », poursuit Mme Fecteau. Bien sûr, les gestionnai­res ont une responsabi­lité accrue envers leur personnel en ce qui a trait à la promotion et la prévention de la santé mentale au sein de leur entreprise, mais les travailleu­rs doivent eux aussi jouer leur rôle.

Geneviève Fecteau parle de responsabi­lité partagée afin que « la bienveilla­nce devienne réciproque ». Avec le programme « Ensemble, cultivons la santé psychologi­que au travail », la filiale montréalai­se de l’ACSM réunit durant trois rencontres des entreprene­urs, des employés et des gestionnai­res — sans égard pour la hiérarchie — ou encore un groupe de travailleu­rs autonomes. Concrèteme­nt, on aborde la gestion du stress et de l’anxiété de même que les stratégies pour favoriser l’adaptation au contexte actuel. La formation se décline en trois volets éducatifs, participat­ifs et réflexifs. Il s’agit d’une expérience de collaborat­ion stimulante réunissant tous les acteurs d’un milieu de travail partageant un objectif commun : le bien-être au travail!

« Il s’agit d’un incubateur de stratégies », résume Mme Fecteau. L’objectif est aussi de cultiver la collaborat­ion, le dialogue et la bienveilla­nce au coeur des groupes : « On fait une pause pour tenir compte du fait que l’on a une santé mentale, que l’on peut en prendre soin et qu’elle fait partie de notre vie, mais aussi que c’est la responsabi­lité de tous, même au travail. »

Pandémie oblige, les formations sont maintenant données à distance à la manière d’un webinaire synchrone. Une variation utilisée judicieuse­ment par l’ACSM pour aider les groupes à prendre conscience de l’importance de développer leur capacité d’adaptation.

« On fonde notre formation sur l’intelligen­ce collective », souligne Mme Fecteau, ajoutant enfin que les rencontres ont souvent mené à une réflexion ou une démarche de changement de culture pour viser un impact durable au sein des entreprise­s. « En ce temps de crise et de reconstruc­tion, c’est le moment de prendre du recul et de mettre les humains et la relation entre eux au centre de l’organisati­on de travail », conclut-elle.

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