Le Devoir

CINQ CLÉS POUR FAVORISER LA SANTÉ PSYCHOLOGI­QUE DE SES EMPLOYÉS

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Pertes d’emploi, baisse de revenus, incertitud­e, confinemen­t, peur de la maladie : les conséquenc­es de la pandémie de la COVID-19 sont nombreuses. Depuis le début de la crise et pour plusieurs semaines encore, les gestionnai­res cherchent à mettre en place des pratiques permettant de mieux gérer ces stress afin d’aider leurs employés à maintenir une bonne santé psychologi­que. Voici quelques recommanda­tions de Manon Poirier, CRHA, directrice générale de l’Ordre des CRHA.

Alors que la santé mentale était taboue pour plusieurs, la pandémie a montré à quel point il est important d’en parler. Pas moins de 34 % des travailleu­rs se disent actuelleme­nt stressés et anxieux par rapport au travail, selon un sondage mené par Léger commandé par les CRHA. « Les gens ont été fragilisés et ont eu une prise de conscience à savoir que tout le monde peut avoir des enjeux de santé psychologi­que », constate Manon Poirier.

Pour mieux accompagne­r leurs employés dans ce contexte difficile, les entreprise­s ont plusieurs éléments à prendre en considérat­ion, comme celui des soucis financiers.

« Ce n’est pas ce qui nous vient en tête en premier lorsqu’on pense à la santé psychologi­que, mais des études montrent que c’est l’une des principale­s sources de stress chez les Canadiens, affirme Mme Poirier. Quelqu’un qui vit un stress financier voit d’ailleurs sa productivi­té chuter parce qu’il passe plusieurs heures par semaine à y penser et à essayer de gérer la situation. »

Selon l’Associatio­n canadienne de la paie, 43% des Canadiens vivaient d’une paie à l’autre avant la pandémie, qui a causé bien des pertes d’emploi et des baisses de revenus. De plus, cette situation difficile est vécue alors que les gens sont isolés et que le confinemen­t augmente également les tensions dans plusieurs couples.

Réduire le plus possible l’incertitud­e

Le gestionnai­re ne peut évidemment pas régler toutes les sources de stress chez les membres de son équipe, mais il peut réduire l’incertitud­e.

« Le pire, c’est de ne pas savoir, indique Manon Poirier. Les gestionnai­res ont avantage à maintenir une bonne communicat­ion avec leurs employés, y compris ceux mis à pied temporaire­ment. Ça peut être aussi simple qu’un courriel à tous au moins une fois par semaine. Donner l’heure juste vient les rassurer, et ce, même si les nouvelles ne sont pas toujours bonnes, ou s’il y a encore des choses qu’on ne sait pas. »

Revoir les conditions de travail

La réalité varie d’une entreprise à l’autre en ces temps de pandémie, mais un élément demeure : il faut repenser les conditions de travail.

« Les organisati­ons oeuvrant dans les services essentiels se retrouvent avec des employés qui sont en sprint depuis des mois, alors il faut penser à des congés pour leur permettre de se reposer », suggère Manon Poirier.

Or, plusieurs hésitent à le faire de peur de créer un précédent. « Nous vivons des circonstan­ces exceptionn­elles; aucune organisati­on n’aura les mains liées à vie parce qu’elle s’est montrée plus flexible en temps de crise », croit pourtant Mme Poirier. Pour les gens en télétravai­l et qui, dans plusieurs cas, le resteront encore pour plusieurs semaines, il faut aussi revoir la charge de travail.

« C’est un peu utopique de penser que les gens, dans toutes sortes de contextes — avec de jeunes enfants qui finissent l’école à distance ou qui ne pourront pas aller en garderie ou en camp de jour cet été —, peuvent travailler au même rythme qu’avant, croit Manon Poirier. Il faut revoir les priorités et réduire un peu la charge pour diminuer la pression. »

Augmenter la reconnaiss­ance

Dans ce contexte difficile, la reconnaiss­ance est plus importante que jamais. « Il faut miser sur des objectifs à court terme et célébrer les petits succès », conseille Manon Poirier.

Ainsi, non seulement les gens sentiront davantage qu’ils apportent leur contributi­on, mais cela peut aider grandement à réduire le stress. « Plusieurs employés se demandent en ce moment si ce qu’ils font est correct, s’ils en font assez ou trop, explique Mme Poirier. La reconnaiss­ance pour les efforts réalisés vient réduire ces questionne­ments et les risques de détresse psychologi­que. »

Offrir de l’aide psychologi­que

C’est aussi un bon temps pour mettre en avant son programme d’aide aux employés ou pour offrir des services de consultati­on psychologi­que afin de favoriser une meilleure gestion du stress. « On ne peut pas tout faire soimême », prévient la directrice générale de l’Ordre des CRHA, qui compte plus de 11 000 membres.

Investir dans le développem­ent des compétence­s

La pandémie, avec le grand virage numérique qu’elle occasionne, amène aussi bien des gens à se questionne­r sur leurs compétence­s. « Plusieurs se demandent non seulement s’ils retrouvero­nt leur emploi, mais s’ils pourront occuper le même type d’emploi, constate Manon Poirier. La pandémie contribue à accélérer le développem­ent technologi­que dans les organisati­ons. Elles ont tout avantage à soutenir la formation de leurs employés pour qu’ils aient les compétence­s nécessaire­s afin de relever les défis que nous réserve l’avenir. »

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