Des tests de dépistage d’une fiabilité variable
La recherche visant la mise au point de tests pour diagnostiquer la COVID-19 était en pleine effervescence ces derniers mois. Elle a abouti à la conception de centaines de tests différents à travers le monde, dont certains sont utilisés au Québec. Ces tests se distinguent principalement par leur fiabilité et par leur rapidité à rendre un résultat.
Le test PCR (réaction en chaîne par polymérase) qui consiste à détecter le matériel génétique du virus, en l’occurrence celui du SRAS-CoV-2, dans des échantillons prélevés dans le pharynx à l’aide d’écouvillons demeure encore aujourd’hui le test de référence le plus fiable et le plus utilisé au Québec.
La plupart des laboratoires de santé publique et universitaires du monde ont adopté l’une des recettes développées par des laboratoires européens et l’ont adaptée à leurs propres besoins. Ce fut le cas du Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) qui, au tout début
de l’épidémie, effectuait tous les tests de dépistage de la COVID-19.
Puis, plusieurs hôpitaux du Québec ont été équipés de tests PCR commerciaux mis au point par des sociétés privées, mais qui ont été évalués consciencieusement par le LSPQ, ce qui a permis d’accroître le volume de tests effectués.
« Les tests PCR utilisés de par le monde pour dépister la COVID-19 ne sont pas d’une sensibilité parfaite. Près de 20 % des personnes qui ont subi ce test et qui ont reçu un résultat négatif ont pourtant développé la COVID-19. Généralement, quand le médecin soupçonne que son patient est infecté, il répétera le test », précise le Dr Matthew Oughton, infectiologue et microbiologiste à l’Hôpital général juif.
« Ces faux négatifs peuvent être dus au fait que le test a été effectué trop tôt alors que le virus n’a pas eu le temps de se répliquer suffisamment. Ils peuvent aussi être attribuables au fait que les prélèvements n’ont pas été effectués adéquatement. Un bon prélèvement consiste à aller chercher un dans le pharynx en passant par le nez, ou par la bouche et l’arrière de la gorge. Si le tampon n’est pas enfoncé assez profondément ou s’il n’est pas laissé suffisamment longtemps au site de prélèvement, l’échantillon recueilli risque de ne pas être de bonne qualité et de ne pas révéler la présence de virus, même si ceux-ci sont présents », explique-t-il.
À certains moments de l’épidémie, la pénurie de certains composants de ces tests PCR effectués en laboratoire a entraîné des délais dans l’obtention des résultats qui normalement sont révélés dans les 24 heures suivant le prélèvement.
Tests rapides
Or, des tests rapides faits sur place, soit dans différents lieux, comme une pharmacie ou une clinique, hors du laboratoire, ont aussi fait leur apparition. « Ces tests PCR génèrent des résultats plus rapidement et sont techniquement plus simples que les tests de laboratoire qui requièrent l’expertise de techniciens de laboratoire bien entraînés. Mais leur plus grande simplicité et rapidité ont un prix. Ces tests sont souvent très chers. Généralement, ils sont équivalents et dans certains cas, ils sont même supérieurs aux tests de laboratoire. Ils peuvent même s’avérer plus sensibles, et donc permettre de détecter des quantités plus faibles de virus dans un échantillon », souligne le Dr Oughton.
La compagnie canadienne Spartan a conçu un test PCR rapide pour lequel elle avait reçu une approbation conditionnelle à sa validation, laquelle a toutefois échoué. Il s’agit d’un petit appareil dans lequel on introduit le prélèvement et qui rend le verdict en une demi-heure, indique la microbiologiste infectiologue Judith Fafard, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Il existe aussi des tests antigéniques rapides qui détectent dans un échantillon de salive des morceaux du virus lui-même. Très simples, ces tests ressemblent à un test de grossesse. Mais pour le moment, ils ne sont pas très sensibles et pour cette raison, aucun n’a encore été autorisé au Canada.
Certaines cliniques privées du Québec offrent pour leur part un test sérologique pour diagnostiquer la COVID19. Ce test vise à détecter des anticorps dirigés contre le SRAS-CoV-2 dans un échantillon de sang. « Ces tests sont présentés comme permettant un diagnostic rapide, mais c’est
L’INSPQ effectue actuellement la validation de plusieurs trousses de tests sérologiques. Certains de ces tests doivent être effectués en laboratoire, d’autres sont des tests rapides.
oublier que quand une personne est infectée, cela prend quelques jours avant que son corps produise des anticorps et que ceux-ci puissent être détectés. Si ce test est effectué durant la première semaine d’infection, il est fort probable que le test s’avérera négatif », affirme la Dre Fafard.
D’autres à venir
L’INSPQ effectue actuellement la validation de plusieurs trousses de tests sérologiques, certains de ces tests doivent être effectués en laboratoire, d’autres sont des tests rapides. « Pour ce faire, il a fallu chercher dans les congélateurs des hôpitaux des sérums de patients qui ont souffert d’autres maladies respiratoires, mais qui n’ont jamais eu la COVID-19 pour vérifier que les tests ne réagissaient pas avec les anticorps générés par d’autres maladies respiratoires, comme des infections causées par des coronavirus communs. Des vérifications sont également effectuées sur des sérums de patients ayant eu la COVID-19 afin de s’assurer que les tests détectent bien cette infection », explique la Dre Fafard.
« Ces tests sérologiques nous disent si la personne a été infectée. Mais estce que la présence d’anticorps protège cette personne contre l’acquisition d’une nouvelle infection ? On ne le sait pas encore », précise-t-elle.
« Ces tests sont néanmoins très appréciés pour diagnostiquer l’infection rétrospectivement et pour estimer la proportion de la population qui a été infectée par le virus », ajoute le Dr Oughton.