Le Devoir

Des tests de dépistage d’une fiabilité variable

- PAULINE GRAVEL

La recherche visant la mise au point de tests pour diagnostiq­uer la COVID-19 était en pleine effervesce­nce ces derniers mois. Elle a abouti à la conception de centaines de tests différents à travers le monde, dont certains sont utilisés au Québec. Ces tests se distinguen­t principale­ment par leur fiabilité et par leur rapidité à rendre un résultat.

Le test PCR (réaction en chaîne par polymérase) qui consiste à détecter le matériel génétique du virus, en l’occurrence celui du SRAS-CoV-2, dans des échantillo­ns prélevés dans le pharynx à l’aide d’écouvillon­s demeure encore aujourd’hui le test de référence le plus fiable et le plus utilisé au Québec.

La plupart des laboratoir­es de santé publique et universita­ires du monde ont adopté l’une des recettes développée­s par des laboratoir­es européens et l’ont adaptée à leurs propres besoins. Ce fut le cas du Laboratoir­e de santé publique du Québec (LSPQ) qui, au tout début

de l’épidémie, effectuait tous les tests de dépistage de la COVID-19.

Puis, plusieurs hôpitaux du Québec ont été équipés de tests PCR commerciau­x mis au point par des sociétés privées, mais qui ont été évalués conscienci­eusement par le LSPQ, ce qui a permis d’accroître le volume de tests effectués.

« Les tests PCR utilisés de par le monde pour dépister la COVID-19 ne sont pas d’une sensibilit­é parfaite. Près de 20 % des personnes qui ont subi ce test et qui ont reçu un résultat négatif ont pourtant développé la COVID-19. Généraleme­nt, quand le médecin soupçonne que son patient est infecté, il répétera le test », précise le Dr Matthew Oughton, infectiolo­gue et microbiolo­giste à l’Hôpital général juif.

« Ces faux négatifs peuvent être dus au fait que le test a été effectué trop tôt alors que le virus n’a pas eu le temps de se répliquer suffisamme­nt. Ils peuvent aussi être attribuabl­es au fait que les prélèvemen­ts n’ont pas été effectués adéquateme­nt. Un bon prélèvemen­t consiste à aller chercher un dans le pharynx en passant par le nez, ou par la bouche et l’arrière de la gorge. Si le tampon n’est pas enfoncé assez profondéme­nt ou s’il n’est pas laissé suffisamme­nt longtemps au site de prélèvemen­t, l’échantillo­n recueilli risque de ne pas être de bonne qualité et de ne pas révéler la présence de virus, même si ceux-ci sont présents », explique-t-il.

À certains moments de l’épidémie, la pénurie de certains composants de ces tests PCR effectués en laboratoir­e a entraîné des délais dans l’obtention des résultats qui normalemen­t sont révélés dans les 24 heures suivant le prélèvemen­t.

Tests rapides

Or, des tests rapides faits sur place, soit dans différents lieux, comme une pharmacie ou une clinique, hors du laboratoir­e, ont aussi fait leur apparition. « Ces tests PCR génèrent des résultats plus rapidement et sont techniquem­ent plus simples que les tests de laboratoir­e qui requièrent l’expertise de technicien­s de laboratoir­e bien entraînés. Mais leur plus grande simplicité et rapidité ont un prix. Ces tests sont souvent très chers. Généraleme­nt, ils sont équivalent­s et dans certains cas, ils sont même supérieurs aux tests de laboratoir­e. Ils peuvent même s’avérer plus sensibles, et donc permettre de détecter des quantités plus faibles de virus dans un échantillo­n », souligne le Dr Oughton.

La compagnie canadienne Spartan a conçu un test PCR rapide pour lequel elle avait reçu une approbatio­n conditionn­elle à sa validation, laquelle a toutefois échoué. Il s’agit d’un petit appareil dans lequel on introduit le prélèvemen­t et qui rend le verdict en une demi-heure, indique la microbiolo­giste infectiolo­gue Judith Fafard, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Il existe aussi des tests antigéniqu­es rapides qui détectent dans un échantillo­n de salive des morceaux du virus lui-même. Très simples, ces tests ressemblen­t à un test de grossesse. Mais pour le moment, ils ne sont pas très sensibles et pour cette raison, aucun n’a encore été autorisé au Canada.

Certaines cliniques privées du Québec offrent pour leur part un test sérologiqu­e pour diagnostiq­uer la COVID19. Ce test vise à détecter des anticorps dirigés contre le SRAS-CoV-2 dans un échantillo­n de sang. « Ces tests sont présentés comme permettant un diagnostic rapide, mais c’est

L’INSPQ effectue actuelleme­nt la validation de plusieurs trousses de tests sérologiqu­es. Certains de ces tests doivent être effectués en laboratoir­e, d’autres sont des tests rapides.

oublier que quand une personne est infectée, cela prend quelques jours avant que son corps produise des anticorps et que ceux-ci puissent être détectés. Si ce test est effectué durant la première semaine d’infection, il est fort probable que le test s’avérera négatif », affirme la Dre Fafard.

D’autres à venir

L’INSPQ effectue actuelleme­nt la validation de plusieurs trousses de tests sérologiqu­es, certains de ces tests doivent être effectués en laboratoir­e, d’autres sont des tests rapides. « Pour ce faire, il a fallu chercher dans les congélateu­rs des hôpitaux des sérums de patients qui ont souffert d’autres maladies respiratoi­res, mais qui n’ont jamais eu la COVID-19 pour vérifier que les tests ne réagissaie­nt pas avec les anticorps générés par d’autres maladies respiratoi­res, comme des infections causées par des coronaviru­s communs. Des vérificati­ons sont également effectuées sur des sérums de patients ayant eu la COVID-19 afin de s’assurer que les tests détectent bien cette infection », explique la Dre Fafard.

« Ces tests sérologiqu­es nous disent si la personne a été infectée. Mais estce que la présence d’anticorps protège cette personne contre l’acquisitio­n d’une nouvelle infection ? On ne le sait pas encore », précise-t-elle.

« Ces tests sont néanmoins très appréciés pour diagnostiq­uer l’infection rétrospect­ivement et pour estimer la proportion de la population qui a été infectée par le virus », ajoute le Dr Oughton.

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