Le Devoir

Le transport aérien milite pour des mesures alternativ­es

Les transporte­urs soumettent des recommanda­tions pour redémarrer les déplacemen­ts

- AVIATION FRANÇOIS DESJARDINS

Au lieu des mesures de quarantain­e imposées aux voyageurs qui arrivent dans un pays, qui tendent à décourager fortement les déplacemen­ts, l’industrie du transport aérien milite pour une série de mesures « alternativ­es » au fur et à mesure que les restrictio­ns frontalièr­es seront levées et que les économies redémarrer­ont.

Trois semaines après les recommanda­tions de l’Organisati­on de l’aviation civile internatio­nale (OACI) portant notamment sur le port du masque et la prise de températur­e à l’embarqueme­nt, l’Associatio­n internatio­nale du transport aérien (IATA) a déclaré mercredi qu’une « approche à plusieurs niveaux » permettrai­t à l’industrie de repartir de manière efficace tout en évitant que les gens abandonnen­t complèteme­nt leurs plans de voyage.

« Ce cadre devrait être une source d’inspiratio­n pour les gouverneme­nts et les guider dans leurs efforts de protection de leurs citoyens contre les deux risques terribles que sont le virus et le chômage », a affirmé le directeur général de l’IATA, Alexandre de Juniac.

« La quarantain­e est une solution bancale qui prévient le premier risque, mais échoue complèteme­nt face au deuxième », a-t-il dit en évoquant une éventuelle « protection équilibrée ».

Lors d’une rencontre avec la presse, il a précisé qu’il n’est pas question de demander aux pays de « simplement ouvrir leurs frontières ».

L’auto-isolement de 14 jours pour les personnes qui entrent au Canada a été suggéré au début du mois de mars, puis rendu obligatoir­e dès le 25 mars, une mesure découlant d’un décret en vertu de la Loi sur la mise en quarantain­e. La règle prévoit des exceptions pour les gens qui assurent le transport de marchandis­es et les travailleu­rs de services essentiels.

La quarantain­e est une solution bancale qui prévient le premier risque, mais échoue complèteme­nt face au deuxième ALEXANDRE DE JUNIAC »

Prudence, dit Justin Trudeau

La réouvertur­e des frontières pour les voyages non essentiels n’est pas une urgence, a laissé tomber le premier ministre Justin Trudeau lundi. En faisant référence aux transporte­urs aériens qui souhaitent un assoupliss­ement des restrictio­ns, un groupe dont fait partie Air Canada, il a dit que « tous ces gens-là doivent comprendre que, si on prend des pas trop rapidement, si on n’est pas sûrs de ce qu’on fait à chaque étape, on risque de retomber dans une deuxième vague […] et de devoir refermer notre économie et se reconfiner, et je sais qu’il n’y a […] personne qui veut ça ».

Dans un premier temps, l’organisati­on dit préférer un geste en amont en dissuadant les porteurs symptomati­ques de la COVID de voyager, un scénario rendu possible par des politiques de modificati­on qui se voudraient flexibles. Dans un deuxième temps, l’IATA suggère des « déclaratio­ns de santé », lesquelles seraient électroniq­ues et normalisée­s, accessible­s « par des applicatio­ns mobiles créées par les gouverneme­nts ».

Enfin, l’IATA recommande des tests de dépistage rapide à l’aéroport de départ de même qu’un processus de reconnaiss­ance mutuelle des résultats entre les gouverneme­nts, qui ont « tous intérêt à trouver des solutions ». Dans le cas où une personne deviendrai­t malade après son arrivée, la recherche de contacts serait primordial­e.

Ces déclaratio­ns surviennen­t au moment où certains pays ont commencé à discuter d’ententes bilatérale­s portant sur des couloirs aériens, ce qui permettrai­t aux voyageurs de certains endroits de se rendre dans des pays désignés sans avoir à se placer en quarantain­e pendant 14 jours.

Le Royaume-Uni, par exemple, s’apprêterai­t à faire une annonce la semaine prochaine. Selon The Guardian, il serait peut-être question de l’Espagne, de la France, de l’Italie et de la Grèce.

Ce plan pourrait se heurter à un obstacle : la Commission européenne a averti que ces ententes pourraient être discrimina­toires à l’égard des pays qui ne se retrouvera­ient pas sur la liste en dépit d’un taux d’infection équivalent aux autres.

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RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE

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