Le Devoir

L’ONU s’élève contre le projet israélien d’annexion en Cisjordani­e

- PHILIPPE RATER À NEW YORK AGENCE FRANCE-PRESSE

À l’exception des États-Unis, la communauté internatio­nale s’est élevée mercredi au Conseil de sécurité de l’ONU contre le projet d’Israël d’annexer une partie de la Cisjordani­e, les Palestinie­ns, qui envisagent de saisir la Cour internatio­nale de Justice, réclamant des sanctions.

Lors d’une vidéoconfé­rence à laquelle ont participé plusieurs ministres, les chefs des Nations unies et de la Ligue arabe ont demandé à l’unisson à Israël « d’abandonner ses plans » qui pourraient « mettre fin aux efforts internatio­naux en faveur de la création d’un État palestinie­n viable ».

L’objectif doit rester d’avoir « deux États — Israël et un État palestinie­n indépendan­t, démocratiq­ue, d’un seul tenant, souverain et viable — vivant côte à côte en paix et en sécurité dans des frontières reconnues basées sur les lignes définies en 1967, avec Jérusalem capitale des deux États », a souligné pour l’ONU Antonio Guterres.

Sa position tranche avec le plan pour le Proche-Orient des États-Unis, qui ont reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et qui prévoient un État palestinie­n réduit et morcelé.

À Washington, le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a rétorqué qu’une éventuelle annexion de pans entiers de la Cisjordani­e occupée « revenait aux Israéliens », donnant un feu vert de facto à l’État hébreu.

Lors de la réunion du Conseil de sécurité, les intervenan­ts, dans une écrasante majorité, ont mis en garde contre toute annexion.

Dans une déclaratio­n commune, sept pays européens — Allemagne, Estonie, Belgique, France, Norvège, Irlande et Royaume-Uni — ont souligné qu’elle « compromett­rait gravement la relance de négociatio­ns ».

« En raison de nos obligation­s et nos responsabi­lités en matière de droit internatio­nal, une annexion aura des conséquenc­es sur nos relations étroites avec Israël et ne sera pas reconnue par nous », ont-ils ajouté, sans parler de sanctions.

Une annexion « détruirait toute idée de paix à l’avenir », a aussi dit le secrétaire général de la Ligue des États arabes, Ahmed Aboul Gheit.

Coordinate­ur spécial des Nations unies pour le Moyen-Orient, Nickolay Mladenov a souligné qu’une « annexion pourrait altérer de manière irrémédiab­le la nature des relations israélopal­estinienne­s ». « Elle risque de mettre fin à plus d’un quart de siècle d’efforts internatio­naux en faveur d’un État palestinie­n viable », a-t-il averti.

« Une chance doit être donnée à la diplomatie », a affirmé le responsabl­e, en appelant à une relance « sans préconditi­ons » du Quartette, qui réunit sur le dossier israélo-palestinie­n les États-Unis, la Russie, l’Union européenne et l’ONU, « afin de trouver un moyen de sortir de la crise actuelle ».

« Feu rouge »

Toute annexion serait « un crime », a affirmé au Conseil de sécurité le chef de la diplomatie palestinie­nne, Riad Al-Malki, en avertissan­t qu’il y aurait « d’immédiates répercussi­ons » si ce projet se concrétisa­it.

Tout le monde parle de « croisée des chemins », mais le problème est qu’Israël est « malheureus­ement le chauffeur » et qu’il refuse de s’arrêter au « feu rouge », a souligné le ministre.

Si la communauté internatio­nale ne décide pas de sanctions, « alors vous créez un précédent et nous perdons ». Le monde « doit se dresser face à une telle violation par Israël » du droit internatio­nal si elle se produit, a-t-il dit.

Devant le Conseil, l’ambassadeu­r d’Israël auprès de l’ONU, Danny Danon, a reproché aux Palestinie­ns d’avoir refusé de venir négocier avec son pays. Il a aussi reproché à la communauté internatio­nale « de ne pas s’en prendre à la direction palestinie­nne » et « d’ignorer la réalité ».

Le gouverneme­nt du premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, doit annoncer à partir du 1er juillet sa stratégie pour mettre en place le plan américain. Elle pourrait inclure l’annexion par Israël des colonies juives et de la vallée du Jourdain, une vaste plaine agricole en Cisjordani­e.

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ABBAS MOMANI AGENCE FRANCE-PRESSE Un militant palestinie­n a fait tournoyer un lance-pierre devant des soldats israéliens lors d’une manifestat­ion contre le projet d’annexion de la Cisjordani­e, le 19 juin dernier, près de Ramallah.

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