Le Devoir

Pétition contre les « bulles » dans les écoles

- MARIE-MICHÈLE SIOUI CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC

Un père et enseignant de Laval en a contre les « bulles » que Québec souhaite faire respecter aux élèves à la rentrée : il interpelle le ministre de l’Éducation afin de lui soumettre une série d’idées qu’il a eues afin que la rentrée scolaire ne brime pas les élèves dans leur socialisat­ion.

Simon Landry a écrit au ministre Jean-François Roberge mardi et lancé, la même journée, une pétition réclamant la création d’un comité de travail entre le ministère, la Santé publique, des enseignant­s et des directeurs d’école. Son but ? « Trouver un compromis qui ne brimera pas le développem­ent de nos jeunes et assurera une année scolaire sécuritair­e et harmonieus­e pour tous. »

L’enseignant au secondaire et père de deux fillettes attendait encore vendredi une réponse du ministre. Entretemps, sa pétition avait cumulé un peu plus de 1200 signatures.

« On a huit semaines devant nous pour faire un vrai plan de match et nous préparer convenable­ment », lance-t-il.

Simon Landry a imaginé une série de mesures qui pourraient être mises en place dans les écoles. « Il faut faire l’achat massif de masques pour les déplacemen­ts dans les aires communes des élèves, réorganise­r nos écoles avec des stations pour le lavage des mains et transforme­r nos gymnases et agoras en multiples petites cafétérias », propose-t-il.

Ces solutions lui apparaisse­nt plus réalistes que celle des « bulles » exigées par Québec. Elles permettent aussi, selon lui, de contourner les problèmes qu’entraînera le maintien des élèves du secondaire dans un même local toute la journée.

« Moi, je sors du local pour aller au prochain cours. Qui surveille les élèves pendant que je change de local ? C’est utopique de penser que les élèves vont rester assis sagement », dit-il. Et dès la fin des classes, les élèves « vont se ramasser au parc à se faire des câlins, se tirer les oreilles », ajoute-t-il.

Des « miniprison­s »

Le choix des « bulles » retenu par Québec revient à imposer « des miniprison­s invisibles » aux élèves, ajoute sa conjointe, Véronique Groleau. Cette gastroenté­rologue pédiatre au CHU SainteJust­ine a tout récemment lancé, avec des collègues médecins, un mouvement demandant l’assoupliss­ement des mesures de distanciat­ion pour les enfants de 12 ans et moins dans les écoles, les garderies et les camps de jour.

Québec a annoncé la fin de la distanciat­ion en garderie le 18 juin, mais il va de l’avant avec sa volonté d’imposer des « bulles » de quatre à six élèves à l’intérieur des groupes-classes dans les écoles.

« Notre message, ce n’est pas d’être contre la distanciat­ion. La distanciat­ion entre adultes est primordial­e et je crois au port du masque », tient à souligner la Dre Groleau. « Ce qu’on dit, c’est que le virus est peu dangereux pour les enfants. Quand ils l’ont, ils n’ont pas de symptômes ou des symptômes légers. Et ils sont de mauvais vecteurs ; ils ne transmette­nt pratiqueme­nt pas la maladie. »

Dans ce contexte, les bulles apparaisse­nt comme une « utopie » qui sera « non applicable dans [le] quotidien et portera préjudice à nos élèves », écrit M. Landry dans sa pétition. « La socialisat­ion est si importante pour nos jeunes, il semble irréel de leur imposer quatre contacts étroits avec interdicti­on d’y déroger ! Même en jouant aux policiers, les membres du personnel scolaire ne pourront JAMAIS empêcher les adolescent­s de s’approcher de leurs amis ! » poursuit-il.

Sa conjointe enchaîne : « Ça les brime dans leur socialisat­ion et j’ai de la misère à envisager que ça ne puisse pas entraver le développem­ent normal d’un enfant si c’est appliqué à long terme. »

Simon Landry a choisi de ne pas inclure les syndicats d’enseignant­s dans sa démarche, puisqu’« ils ont tendance à s’opposer systématiq­uement à tout ce qui est annoncé », à son avis.

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