Le Devoir

La campagne à la direction teintée par la COVID-19

Quatre candidats sont dans la course

- MYLÈNE CRÊTE À QUÉBEC

Sans la pandémie, le nom du nouveau chef du Parti québécois (PQ) serait déjà connu depuis le 19 juin. Le choix des militants a été reporté au mois d’octobre et quatre des six candidats intéressés sont désormais sur les blocs de départ. Si le coronaviru­s a chamboulé le calendrier de la course, il risque aussi de bouleverse­r les débats.

« Je me sens comme un joueur dans une équipe qui vient de se qualifier pour les séries », a blagué l’historien Frédéric Bastien en entrevue. Il est le dernier à être allé déposer les 2000 signatures requises pour officialis­er sa candidatur­e vendredi, après le député Sylvain Gaudreault, l’avocat Paul St-Pierre Plamondon et l’humoriste Guy Nantel.

Certains d’entre eux ont déjà adapté leur offre politique aux enjeux soulevés par la COVID-19 qui a fait 5448 morts au Québec, selon les plus récentes données. C’est le cas de Sylvain Gaudreault qui a proposé dès avril un « Plan Marshall du XXIe siècle » pour reconstrui­re le Québec après la crise. « On ne peut pas faire comme si ça n’existait pas, alors c’est clair qu’en ce qui me concerne mes propositio­ns seront teintées par la pandémie », a-t-il affirmé.

Son plan est axé sur une transition vers une relance économique verte. Il propose également une décentrali­sation du réseau de la santé, dont l’administra­tion a démontré ses limites durant les premiers mois de la pandémie. « On a un système de santé hypercentr­alisé où il n’y a même plus de reddition de compte ou de personnes responsabl­es dans les établissem­ents que ce soit un CHSLD ou un autre type, alors il faut revenir à une décentrali­sation plus grande, l’imputabili­té régionale, une plus grande marge de manoeuvre, par exemple, pour les directeurs de santé publique pour les territoire­s », a-t-il suggéré en donnant pour exemple les Länder allemands.

L’humoriste Guy Nantel, qui prévoit de dévoiler son programme en août, a ajouté des propositio­ns en lien avec l’autosuffis­ance médicale, alimentair­e et énergétiqu­e ainsi que la gestion du

On ne peut pas faire comme si ça n’existait pas, alors c’est clair qu’en ce qui me concerne mes propositio­ns seront teintées » par la pandémie SYLVAIN GAUDREAULT

Le ministère de la Santé a toujours été roi et maître sur toute la ligne, puis moi je change complèteme­nt cette » dynamiquel­à GUY NANTEL

système de santé. « On a beaucoup galvaudé le mot réforme, mais en réalité le modèle a toujours été sensibleme­nt le même, a-t-il dit sans vouloir gâcher l’effet de surprise. Le ministère de la Santé a toujours été roi et maître sur toute la ligne, puis moi, je change complèteme­nt cette dynamique-là. » Le coeur de sa campagne sera toujours articulé autour de la réalisatio­n de l’indépendan­ce du Québec dans la première moitié d’un premier mandat péquiste.

Pour Paul St-Pierre Plamondon, la pandémie a offert de nombreuses démonstrat­ions que le Québec gagnerait à être maître de sa destinée. « On a observé plusieurs dysfonctio­ns du Canada à un moment où ça comptait beaucoup », a fait valoir celui qui propose de tenir un référendum dans un premier mandat. « Essentiell­ement, on ne contrôlait pas notre aéroport, on ne contrôlait pas nos frontières ; ça nous a coûté plusieurs journées où des personnes de partout dans le monde étaient infectées au point où la Ville de Montréal a été obligée d’envoyer des gens et de tenter de se substituer au gouverneme­nt fédéral tellement il ne se passait rien pendant plus d’une semaine », a-t-il rappelé.

Frédéric Bastien est en désaccord avec ce point de vue. Si les Québécois avaient déjà décroché de l’option souveraini­ste avant, la pandémie sera loin d’arranger les choses, selon lui. « Avec la crise économique qu’on va connaître, toutes les questions liées au déconfinem­ent — espérons que ça dure le moins longtemps possible — tout ça ne va pas augmenter l’appétit pour un référendum au Québec », a soutenu celui qui propose plutôt un référendum dans un deuxième mandat, après la tenue de négociatio­ns constituti­onnelles. La COVID-19 sera un sujet parmi d’autres durant la course, selon le candidat. Il préconise une aide pour que les familles puissent s’occuper davantage de leurs parents âgés.

Deux candidats n’ont pas réussi à amasser les 2000 signatures requises pour officialis­er leur candidatur­e. Il s’agit de l’homme d’affaires Laurent Vézina et de l’avocate Gloriane Blais qui se sont tous deux lancés tardivemen­t, en mars, dans la course à la succession de Jean-François Lisée.

On a observé plusieurs dysfonctio­ns du Canada à un moment où ça » comptait beaucoup PAUL ST-PIERRE PLAMONDON

Tout ça ne va pas augmenter l’appétit pour un » référendum au Québec FRÉDÉRIC BASTIEN

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