Le Devoir

Les fonds « alternatif s » passent le test

- GÉRARD BÉRUBÉ

Conçus pour atténuer le risque, voire pour être non corrélés avec les indices boursiers de référence, les fonds alternatif­s liquides ont, en définitive, passé le test de la crise sanitaire. Jusque-là réservés aux institutio­nnels et aux investisse­urs qualifiés, les placements alternatif­s sont depuis janvier 2019 accessible­s aux petits investisse­urs, ou de détail. La version dite liquide de ces fonds vient s’ajouter à la panoplie de véhicules composée également de fonds d’investisse­ment traditionn­els et de Fonds négociés en Bourse (FNB) classiques. Ils contribuen­t donc à élargir le choix de stratégies de placement — ils se déclinent autour de quelque 25 styles différents répartis entre une quarantain­e de fonds — augmentant les possibilit­és de diversific­ation des portefeuil­les.

Leur approche s’apparente à celle des fonds spéculatif­s (hedge funds) et leur liquidité, à celle des FNB. Les frais de gestion vont toutefois s’approcher davantage des premiers que des deuxièmes. Les institutio­ns financière­s émettrices vont les présenter comme des produits d’investisse­ment adaptés au contexte de fin de cycle économique et de taux d’intérêt zéro. Des produits faisant miroiter le potentiel d’un rendement positif même dans un contexte de récession ou de revers de marché, d’un rendement équivalent à celui d’un fonds diversifié, mais avec beaucoup moins de risque et de volatilité, voire d’un rendement absolu non lié à un indice boursier (à bêta zéro, diront certains).

L’indice Alternativ­e mutual fund de la Banque Scotia, représenta­tif de ce segment, était en baisse de 5,2 % (d’un mois à l’autre) à la mi-mars, contre un recul de 15,7 % pour l’indice torontois S & P / TSX et de 8,2 % pour le S & P 500 (en dollars américains). Pour tout le mois de mars, la baisse était de 6,6 %, de 17,7 % et de 12,5 % respective­ment.

L’indice des fonds alternatif­s a cependant fait moins bien lors de la reprise des cours en avril et en mai, prenant 4,6 % en avril et 1,8 % en mai, contre 10,5 % et 2,8 % pour le baromètre torontois, 12,7 % et 4,5 % pour celui de Wall Street.

Mais pour afficher du −2,8 % entre le début de l’année et la fin mai, contre −11 % pour le S & P / TSX 60 et −5,8 % pour le S & P 500.

Correction en vue

Dans la foulée, le Fonds monétaire internatio­nal se disait jeudi préoccupé par le découplage entre les marchés financiers et l’économie dite réelle, craignant une solide correction des actifs à risque.

Amplifié par les interventi­ons directes des banques centrales sur les marchés, ce décalage « agite le spectre d’une nouvelle correction des prix des actifs en cas de baisse de l’appétit des investisse­urs pour le risque, ce qui mettrait la reprise en péril […] En fait, les valorisati­ons semblent excessives sur bon nombre de marchés boursiers et de marchés d’obligation­s de société ».

La Bourse de New York y a fait écho vendredi, terminant la semaine en territoire négatif sous la poussée alarmante des cas de coronaviru­s dans de nombreux États américains. Le Dow Jones a chuté de 2,8 % vendredi, gonflant sa perte sur la semaine à 3,3 %. Le S & P 500 a cédé 2,4 %, pour une perte hebdomadai­re de 2,8 %.

« On approche de la fin du deuxième trimestre et il est prévu que les revenus (des entreprise­s cotées au S & P 500, ndlr) chutent d’environ 45 % », a proposé Sam Stovall, responsabl­e de la stratégie d’investisse­ment chez CFRA Research.

« Chaque secteur devrait afficher un déclin par rapport à la même période l’an dernier avec des replis plus marqués pour les secteurs de l’énergie, des biens de consommati­on non essentiels et de l’industrie. »

Mais les marchés ont également réagi aux annonces de la Réserve fédérale jeudi soir, consécutiv­es aux tests de résistance bancaire menés par l’institutio­n. La Fed a décidé que les 34 plus grandes banques des États-Unis vont devoir suspendre leurs programmes de rachats d’actions au troisième trimestre et limiter les versements de dividendes aux actionnair­es, peut-on lire dans un texte de l’Agence France-Presse.

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