Le Devoir

La BCE fait preuve d’optimisme

Le pire de la crise économique est « probableme­nt passé », selon l’institutio­n monétaire européenne

- À FRANCFORT

Le « pire » de la crise économique causée par l’épidémie de coronaviru­s dans la zone euro est « probableme­nt passé », a estimé vendredi la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde.

C’est la première fois depuis des mois que l’institut monétaire fait preuve d’optimisme, même prudent, sur la question. La Française, qui s’exprimait dans le cadre d’un forum virtuel, a toutefois insisté sur le fait que la reprise sera « incomplète » et « inégale » et qu’elle va « transforme­r » l’économie.

Son optimisme tranche avec le sombre tableau dressé jeudi par le Fonds monétaire internatio­nal, qui voit en particulie­r les pays de la zone euro subir une sévère récession cette année (–10,2 %), conséquenc­e directe de la paralysie de l’économie pour contenir la pandémie de COVID-19 qui l’a amené à raboter sensibleme­nt ses prévisions.

En Europe, un sommet extraordin­aire réunissant physiqueme­nt les dirigeants des 27 pays de l’UE aura lieu à Bruxelles les 17 et 18 juillet pour tenter de trouver un accord sur le plan de relance massif de l’économie européenne, en prévoyant la création d’un fonds de relance de 750 milliards d’euros financé par des emprunts massifs. « Je ne pense pas qu’ils arriveront à un accord » dès la mi-juillet, a prévenu Christine Lagarde, qui prévoit des « négociatio­ns intenses » s’engager et un « processus à poursuivre ».

Une rencontre de préparatio­n est prévue lundi en Allemagne, où la chancelièr­e Angela Merkel accueiller­a le président français, Emmanuel Macron, près de Berlin, pour leurs premières retrouvail­les depuis le début de la crise du coronaviru­s. Au menu de leurs discussion­s figure notamment le futur budget de l’UE et le projet de plan de relance qui a été largement lancé par le couple franco-allemand.

Un gros obstacle à surmonter dans les discussion­s sur le plan de relance de l’UE concerne les réticences des quatre pays dits « frugaux » — PaysBas, Autriche, Suède, Danemark —, très réservés à l’égard de ce plan qui bénéficier­a avant tout aux pays du Sud, les plus touchés par la pandémie.

Mais « ce qui est très spécial, c’est que, pour une fois, les politiques monétaires et budgétaire­s ont travaillé de pair » pour freiner l’impact économique

Son optimisme tranche avec le sombre tableau dressé jeudi par le Fonds monétaire internatio­nal

du virus, s’est félicitée l’ancienne patronne du FMI. Au sortir de la crise, l’économie aura changé, « les compagnies aériennes, les hôtels et le secteur des loisirs » se développan­t dans un « format différent », tandis que de « nouvelles industries » vont émerger, affirme Mme Lagarde.

Par ailleurs, la croissance des crédits accordés par les banques de la zone euro au secteur privé s’est maintenue à un rythme élevé en mai (+5,3 %, après 4,9 % en avril), tirée par les prêts aux entreprise­s (+7,3 %) en quête de liquidités face à la crise économique, selon des chiffres publiés en parallèle vendredi par la BCE.

Par contraste, la hausse des prêts aux ménages a continué de progresser à un rythme peu soutenu, à 3 %, comme en avril.

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JOHN THYS AGENCE FRANCE-PRESSE La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde

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