Le Devoir

Vers la fin de la distanciat­ion dans les avions

Les entreprise­s laisseront expirer la mesure de blocage de places adjacentes annoncée au mois de mai

- FRANÇOIS DESJARDINS

Les sièges laissés intentionn­ellement vides auront fait partie d’un projet temporaire. D’un transporte­ur à l’autre, la relance du voyage au cours des prochaines semaines et des prochains mois passe forcément par la mise en vente de toutes les places disponible­s dans les avions dans la mesure où le blocage de certains sièges institué par plusieurs en mai vient à échéance la semaine prochaine.

« Bloquer la vente de sièges adjacents était une mesure temporaire que nous remplacero­ns, à compter du 1er juillet, par une nouvelle approche souple s’inscrivant dans le raffinemen­t de notre vaste programme de biosécurit­é », a indiqué vendredi une porteparol­e d’Air Canada, Pascale Déry, selon laquelle le transporte­ur se colle aux directives émises par l’Organisati­on de l’aviation civile internatio­nale (OACI).

Air Canada a commencé à bloquer la vente de certains sièges au mois de mai, précisant dès le début qu’il s’agissait d’une mesure en vigueur jusqu’au 30 juin. Le port du couvre-visage est obligatoir­e depuis le mois d’avril en raison d’une directive de Transports Canada.

L’OACI a tenté de tracer les grandes lignes du redémarrag­e de l’industrie au début du mois de juin par une série de recommanda­tions qui comprennen­t notamment un contrôle serré de l’accès aux toilettes, un service alimentair­e restreint ou suspendu, un embarqueme­nt qui respecte les consignes de distanciat­ion de même que des directives de nettoyage. Il est également question de prise de températur­e sans contact lorsque les règles l’exigent, ce qui sera le cas à compter du 30 juin pour les voyageurs arrivant au Canada.

D’ici la fin juillet, la prise de températur­e se fera aux aéroports de Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver, suivie de 11 autres à la fin de l’été.

Sans préconiser le blocage systématiq­ue de sièges pour créer de la distance, ce que l’industrie estime impossible à terme en raison des facteurs économique­s, l’OACI a écrit dans son guide que « les transporte­urs devraient permettre des attributio­ns de places séparées lorsque l’occupation le permet ».

Pas d’obligation

Transports Canada n’oblige pas les compagnies à bloquer des sièges, leur suggérant plutôt d’avoir des « lignes directrice­s sur l’espacement des passagers lorsque cela est possible » pour favoriser l’espacement.

« Cette recommanda­tion n’est toutefois pas obligatoir­e puisque d’autres points, comme la configurat­ion de l’aéronef, les besoins des passagers et la sécurité aérienne, doivent être pris en considérat­ion lorsqu’il s’agit d’espacer les passagers », a indiqué le ministère vendredi.

« Pour ce qui est des sièges vides, nous suivons les recommanda­tions de l’OACI et commercial­isons tous nos sièges », a affirmé le vice-président aux ressources humaines et aux affaires publiques de Transat, Christophe Hennebelle.

Le voyagiste a déjà annoncé la reprise de ses vols le 23 juillet vers plus d’une vingtaine de destinatio­ns. « Nous nous efforceron­s toutefois d’assigner des sièges distanciés lorsque le taux de remplissag­e de l’avion le permettra. Les passagers seront encouragés à conserver le siège qui leur sera assigné, autant que possible. »

Tout comme American Airlines au sud de la frontière, WestJet compte également laisser expirer sa politique de blocage de sièges adjacents le 30 juin. La compagnie a indiqué au Devoir que les directives de l’Associatio­n internatio­nale du transport aérien (IATA) ne préconisen­t pas ce genre de politique, car les avions présentent certaines caractéris­tiques connues : les filtres HEPA, la barrière physique que sont les dossiers et la circulatio­n de l’air qui se fait du plafond au plancher. La compagnie affirme elle aussi avoir rehaussé ses pratiques de nettoyage et institué la prise de températur­e.

Le vol d’essai nécessaire pour une nouvelle certificat­ion du Boeing 737 MAX modifié, étape incontourn­able avant sa remise en service, pourrait avoir lieu « dès le début de la semaine prochaine », ont indiqué deux sources proches du dossier vendredi à l’AFP.

Le 737 MAX est cloué au sol depuis le 13 mars 2019 après l’écrasement d’un exemplaire de la compagnie Ethiopian Airlines ayant fait 157 morts. Cet accident survenait quelques mois seulement après la catastroph­e d’un MAX de Lion Air, qui a tué 189 personnes.

Dossier complexe

Les autorités de l’aviation civile ne peuvent approuver la version modifiée de l’avion qu’après qu’il a volé. Et, étant donné la gravité et la complexité du dossier, plusieurs essais en vol pourraient être organisés pour scruter si les modificati­ons apportées procurent la sécurité maximale.

« L’équipe progresse vers des vols de certificat­ion FAA dans un avenir proche », a indiqué un porte-parole de la Federal Aviation Administra­tion (FAA), le régulateur américain. Il a précisé que l’autorité examinait « actuelleme­nt la documentat­ion de Boeing pour déterminer si l’entreprise a satisfait aux exigences requises pour passer à la prochaine étape de l’évaluation », c’est-àdire l’essai en vol.

« Nous n’effectuero­ns les vols de certificat­ion qu’après avoir été satisfaits de ces données », a-t-il insisté.

Depuis des mois, le géant aéronautiq­ue américain est à la peine pour remettre en service l’avion vedette de sa flotte.

Le logiciel anti-décrochage MCAS a été mis en cause dans les deux accidents. D’autres problèmes, dont un concernant des câblages électrique­s, ont par la suite été détectés au cours des travaux de modificati­ons.

Boeing escomptait il y a encore quelques mois une remise en service du MAX pour la mi-2020, c’est-àdire en juin. Mais la pandémie de COVID-19, qui a entraîné des restrictio­ns de voyage et le confinemen­t des travailleu­rs, est venue contrarier son calendrier.

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JEFFREY GROENEWEG AGENCE FRANCE-PRESSE Les compagnies aériennes mettront en vente tous leurs sièges disponible­s dès la semaine prochaine.
 ?? DAVID RYDER GETTY IMAGES AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Le 737 MAX est cloué au sol depuis le 13 mars 2019, après l’écrasement d’un exemplaire de la compagnie Ethiopian Airlines ayant fait 157 mort.
DAVID RYDER GETTY IMAGES AGENCE FRANCE-PRESSE Le 737 MAX est cloué au sol depuis le 13 mars 2019, après l’écrasement d’un exemplaire de la compagnie Ethiopian Airlines ayant fait 157 mort.

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