Le Devoir

Le gouverneme­nt américain demande à la Cour suprême d’abroger Obamacare

- À WASHINGTON

Le gouverneme­nt américain a demandé jeudi soir à la Cour suprême américaine d’abroger la loi Obamacare qui a instauré l’assurance maladie emblématiq­ue de l’ancien président démocrate Barack Obama, en pleine pandémie de COVID-19.

Cette nouvelle offensive contre l’Affordable Care Act (ACA), nom officiel d’Obamacare, représente des enjeux cruciaux pour des millions d’Américains, mais aussi pour les candidats à l’élection présidenti­elle de novembre.

M. Trump a juré d’abroger Obamacare s’il est réélu, c’était déjà l’une de ses principale­s promesses de campagne en 2016. Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, plus de sept millions de personnes ont perdu leur assurance, selon l’institut Gallup.

Approuvé en 2010 malgré la farouche opposition des républicai­ns, Obamacare a permis d’assurer près de 20 millions d’Américains supplément­aires, mais n’a cessé d’être contesté dans l’arène politique et en justice.

M. Trump et les républicai­ns s’appliquent à saper ses fondements, surtout l’obligation de contracter une assurance sous peine de sanctions (« mandat individuel »), à coups de mesures fiscales et de recours en justice après avoir subi un échec cuisant en 2017 au Congrès.

Les élus républicai­ns sont parvenus à supprimer en 2017 l’amende sanctionna­nt l’absence d’assurance. Plusieurs États républicai­ns ont alors introduit de nouveaux recours en justice plaidant que la loi ne tenait plus.

En décembre 2018, un juge fédéral conservate­ur du Texas leur a donné raison, jugeant que toute la loi devenait inconstitu­tionnelle. Un jugement partiellem­ent validé en appel en décembre dernier par une cour fédérale qui a jugé illégale l’obligation de s’assurer, mais laissé à un autre tribunal le soin de juger si la loi était intégralem­ent nulle.

Des démocrates ont alors saisi la Cour suprême laquelle a accepté, début mars, de réexaminer Obamacare, qu’elle avait déjà validé en 2012 puis en 2015.

Décision tardive

Pour sa part, le départemen­t de la Justice argumente dans son recours déposé jeudi soir que « le mandat individuel n’est pas séparable du reste de la loi ». Puisqu’« il est dorénavant inconstitu­tionnel du fait de la suppressio­n de l’amende par le Congrès », estime le départemen­t, « l’ACA dans son intégralit­é doit être abrogé ».

Le départemen­t conteste également l’obligation faite par l’ACA aux assureurs de prendre en charge tous les demandeurs, qu’ils soient malades ou en bonne santé, y compris les personnes ayant des antécédent­s médicaux.

La Cour suprême pourrait examiner l’affaire à partir d’octobre pour une décision qui interviend­rait après la présidenti­elle de novembre dans laquelle les questions de santé sont un enjeu majeur.

La présidente démocrate de la Chambre des représenta­nts, Nancy Pelosi, a condamné l’initiative du gouverneme­nt américain et l’a qualifiée d’« acte d’une cruauté inimaginab­le » durant la pandémie.

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