Merci, Madame McCann
Pendant ces longues et dures semaines de pandémie, vous étiez une figure rassurante. Vos interventions lors des points de presse traduisaient votre détermination et votre compétence. Enfin, pensions-nous, quelqu’un à la gouverne du MSSS dont nous sentons l’humanité et l’engagement. C’est ce dont nous avions besoin dans les circonstances de la pandémie — et de tout temps dans le monde de la santé.
Avec vous à la barre, Madame McCann, nous gardions confiance malgré les incertitudes et les contraintes engendrées par ce virus. Il est arrivé, bien sûr, que vous n’ayez pas la réponse précise à une question pointue d’un journaliste ou que vous deviez constater qu’une directive n’avait pas trouvé sa juste application sur le terrain. Alors, vous ne faisiez pas semblant (cela nous changeait des « monsieursait-tout », dans le genre de votre prédécesseur au ministère). Chaque fois, vous vous engagiez à remédier à la situation, et vous nous avez démontré que cela était fait, dans la mesure du possible.
Il faut rappeler à quel point la tâche était colossale, non seulement à cause du tsunami de la COVID-19, mais du fait même de l’extrême lourdeur du système qui devait y faire face — dont l’inefficacité devait malheureusement être démontrée, surtout en ce qui concerne les CHSLD. À qui attribuer la responsabilité de ce gâchis ? Fort probablement à plusieurs personnes en autorité, sur les plans politique et administratif, durant la dernière décennie, au moins. À nous, les citoyens, qui avons manqué d’intérêt et de compassion envers nos semblables. Certainement pas plus à vous, Madame McCann, qui deviez, chaque jour, tenter de faire avancer d’un centimètre cet immense paquebot qu’est notre système de santé.
Évidemment, on ne sait que très peu de choses sur ce qui se déroule dans les coulisses du pouvoir, notamment en temps de crise. Mais on ne peut que constater, encore une fois, que les femmes semblent y avoir la vie bien dure. Le modèle d’exercice du pouvoir demeure en grande partie masculin. Les femmes se butent encore trop souvent à l’incompréhension, voire à la peur, de leurs façons de faire en ce domaine de la part de leurs collègues masculins. Et cela, bien souvent, malgré leurs compétences. La différence, ça peut aussi être mieux ! Mais il faut en faire l’expérience pour l’apprécier. Le réflexe de revenir au boys club peut, bien sûr, paraître rassurant. Nous l’avons déjà essayé : nous savons ce que ça donne… (pas de meilleures garanties de succès en ce qui concerne le MSSS, en tout cas). C’est ce qu’a choisi notre premier ministre.
Il n’y a plus rien à dire. Merci, Madame McCann. Lise Bourbeau Le 25 juin 2020