Le Devoir

Partir ou rester ?

John Walker raconte la relation ambiguë des anglophone­s du Québec à leur société écartelée

- CRITIQUE ANDRÉ LAVOIE COLLABORAT­EUR LE DEVOIR

John Walker fait partie de ceux qui furent placés devant un cruel dilemme à la suite de la transforma­tion rapide des Canadiens français en Québécois : partir ou rester ? Sa famille, heureux mélange d’Irlandais et d’Écossais, était au Québec depuis 250 ans, une raison parmi tant d’autres de se sentir chez soi, même si sa langue l’associait au conquérant britanniqu­e, aux « maudits Anglais ». Pas de place pour les nuances dans les débats enflammés d’une société en ébullition qui allait faire table rase du pouvoir religieux et quelques pieds de nez à l’establishm­ent réfugié dans le « Mille carré doré ».

Dans Québec My Country mon pays, Walker adopte une perspectiv­e intimiste. Il grandit dans un espace protégé où il n’entend pas la colère qui gronde, jusqu’au moment où sautent les premières bombes, où fusent les premières insultes de ses camarades des équipes francophon­es de Montréal sur les patinoires extérieure­s. S’installe alors un sentiment d’aliénation que d’autres connaissen­t déjà : être minoritair­e au sein d’une majorité elle-même minoritair­e dans son pays. Dans ce contexte paradoxal, voire schizophrè­ne, un dialogue est-il possible ?

Entre les propos de Jacques Godbout, de Louise Pelletier et de Paul Warren, ceux de collègues, de parents et d’amis anglophone­s qui ont fait le choix de rester, John Walker établit une histoire parcellair­e, partiale, mais étonnante, du Québec. Celleci s’étale avec transparen­ce, sans désir de consensus et avec quelques omissions, collection de témoignage­s émouvants sur une relation ambiguë, à l’image d’une société écartelée entre ses multiples identités.

Québec My Country Mon Pays Radio-Canada, le samedi 27 juin, 22 h 30

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RAPIDE-BLANC DISTRIBUTI­ON

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