Manger local toute l’année
La nutritionniste Julie Aubé, instigatrice des événements Prenez le champ !, publie son deuxième livre, Mangez local, dans lequel elle partage ses recettes et techniques de conservation pour suivre le rythme des saisons.
Son premier livre, Prenez le champ !, a donné naissance aux événements du même nom. De formidables rencontres entre les producteurs locaux et les mangeurs dans diverses régions du Québec. C’est d’ailleurs dans cet esprit que Julie Aubé a conçu son nouveau livre. « C’est tellement une suite logique de Prenez le
champ !, s’exclame-t-elle. Quand on va rencontrer [les producteurs], on découvre leur village, leur paysage, on veut donc “manger plus près”. » Et le concept de « manger près » — de la nature, de leurs [aliments] nature et des gens — est au coeur du livre.
« Suivez le rythme »
Pour y parvenir, il faut d’abord apprendre à mieux connaître notre terroir et respecter son rythme. La nutritionniste nous invite d’entrée de jeu dans son dernier ouvrage à adapter notre alimentation au rythme des saisons, comme une danse. Elle rappelle d’ailleurs l’un des sens du mot « rythme » selon le Petit Larousse : « Retour, à intervalles réguliers dans le temps, d’un fait, d’un phénomène. » Le parallèle qu’elle fait avec la saison des récoltes est cohérent et poétique. « Pour qu’il y ait un retour, il doit y avoir eu un départ, une pause. […] C’est aussi ce qui se produit lorsqu’on adapte son alimentation au rythme des saisons », écrit-elle.
Pour suivre les pas, le livre est composé de chapitres portant sur chaque mois de l’année. On y trouve d’abord une suggestion de petits gestes que l’on peut poser pour se rapprocher des aliments d’ici, comme de s’abonner aux paniers bios en mai ou de faire des compotes d’automne en octobre.
Pour elle, il est important que ces suggestions ne soient pas perçues comme quelque chose de cérébral. « Il s’agit plutôt de petits réflexes à développer, sans devoir planifier pendant des jours ses provisions, insiste-t-elle. Mais lorsqu’on donne du sens au temps passé à préserver des aliments pour les manger plus tard, on ne le voit plus comme du temps perdu. »
Dans chaque chapitre, elle nous invite ensuite à utiliser ce temps précieux pour apprivoiser une technique de conservation, comme la mise en conserve, la congélation ou le séchage. Julie Aubé donne des trucs simples et explique surtout pourquoi il est important de stériliser ses pots avant la mise en conserve, par exemple, ou d’ajouter une feuille de chou sur les légumes en pleine fermentation.
Elle propose aussi des recettes pour honorer les fruits et légumes d’ici tout au long de l’année. « J’ai fait toutes mes recettes en 4 ou 6 portions pour que ce soit plus réaliste dans le contexte de notre vie de tous les jours, ajoute-t-elle. Et je veux aussi inviter les lecteurs à revenir à la base. Parce que “manger près” n’est pas obligé d’être fancy. »
En effet, si l’alimentation locale et durable n’est pas toujours à la portée de toutes les bourses, elle est certainement sur toutes les lèvres, surtout ces temps-ci. Pour la rendre d’autant plus accessible à tous, il faut que les politiques agroalimentaires la soutiennent mieux, au-delà de l’intérêt grandissant des consommateurs pour les produits de saison, l’autocueillette et l’agriculture de proximité. « Je pense qu’il faut mettre notre créativité collective à profit pour faire en sorte que l’alimentation locale soit accessible à tous, à l’année », conclut Julie Aubé.