Poutine pourra présider la Russie jusqu’en 2036
La Russie a adopté mercredi la vaste révision constitutionnelle autorisant Vladimir Poutine à se maintenir au Kremlin jusqu’en 2036, un référendum qualifié d’« énorme mensonge » par l’opposition qui y voit une manoeuvre pour perpétuer sa mainmise sur le pays. Les Russes ont validé à 77,02 % ce bloc d’amendements qui, outre la question des mandats du président en exercice, introduisent aussi ses principes conservateurs dans la Constitution, selon des résultats portant sur près de 61 % des bureaux de vote répartis sur l’immense territoire russe et diffusés mercredi par la Commission électorale centrale. La participation tournait, quant à elle, autour de 65 %.
Il n’y a jamais eu de doutes quant à l’issue du scrutin : la réforme a été approuvée par le législateur en début d’année et le nouveau texte de la Constitution est déjà en vente dans les librairies. Vladimir Poutine avait demandé mardi aux Russes de garantir « la stabilité, la sécurité et la prospérité » de la Russie, qu’il se targue d’avoir sortie du chaos post-soviétique.
Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, a parlé, commentant ces résultats, de « falsification » et d’« énorme mensonge », appelant ses partisans à se mobiliser pour les prochaines élections régionales de septembre. « Poutine a humilié tout le monde […] Même dans la plupart des pays du Tiers Monde, il n’y a pas une telle honte », a-t-il lancé, accusant le président de vouloir « diriger la Russie à vie ». Pour Alexeï Navalny, « rien ne sera réglé sans sortir dans la rue ». Mais il s’est gardé d’appeler à des manifestations dans l’immédiat.
Amendement le plus controversé : celui accordant à Vladimir Poutine l’option de deux mandats supplémentaires à l’issue de l’actuel en 2024. Une nécessité selon lui, car la classe politique ne doit pas se perdre dans « une quête de successeurs potentiels ». Cela lui offrira la possibilité de rester au Kremlin jusqu’en 2036, l’année de ses 84 ans. D’autres amendements renforcent certaines prérogatives présidentielles.
La révision introduit aussi dans la Constitution des principes conservateurs chers au président — foi en Dieu, mariage réservé aux couples de sexe différent, enseignement patriotique —, ainsi que des garanties sociales, comme l’indexation des retraites.