Anglade s’offusque du vote de confiance accordé à Arruda
Libéraux et péquistes réclament plus de transparence
Fallait-il renouveler le mandat d’Horacio Arruda comme directeur national de santé publique et sous-ministre adjoint au ministère de la Santé ? Le Parti québécois et Québec solidaire sont à l’aise avec la décision du gouvernement. Mais pour la cheffe libérale, Dominique Anglade, trop de questions demeurent sans réponse pour justifier ce vote de confiance.
« Le docteur Arruda est un très bon vulgarisateur et un médecin respecté, a fait valoir mercredi l’attachée de presse du nouveau ministre de la Santé, Christian Dubé. Il a toute notre confiance, et celle des Québécois. »
Sur ces bases, le Conseil des ministres avait entériné la veille la nomination de M. Arruda pour un nouveau mandat de trois ans. Horacio Arruda occupe les mêmes fonctions depuis août 2012. Jeudi dernier, il disait « vouloir continuer d’appliquer la santé publique dans le contexte d’une deuxième vague », si le gouvernement le souhaitait également.
Dans la crise de la COVID-19, M. Arruda s’est attiré tout autant de félicitations que de critiques. Sa personnalité spontanée a charmé une partie des Québécois dans les premières semaines de la pandémie.
Lorsqu’il a accédé à la présidence du Parti québécois (PQ) il y a moins d’un an, Dieudonné Ella Oyono s’était donné pour mission de créer un dialogue constant avec les nouveaux Québécois. Il tente aujourd’hui de recruter des militants péquistes issus de la diversité pour aller à la rencontre des communautés culturelles dans leur région.
« Ce que j’aimerais faire, c’est appliquer le même processus par lequel je suis arrivé au PQ », a-t-il expliqué en entrevue. Cet immigrant originaire du Gabon, installé au Québec depuis 2001, avait entendu parler du parti in
L’indépendance du Québec ne se fera pas sans les nouveaux Québécois qui ne connaissent pas le PQ en dehors de comment il est décrit par ses adversaires DIEUDONNÉ ELLA OYONO
dépendantiste par l’entremise de Nicolas Marceau, qui était alors l’un de ses professeurs d’économie durant son doctorat à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). M. Marceau est par la suite devenu député, puis ministre des Finances dans le gouvernement de Pauline Marois.
M. Oyono s’est d’abord joint à l’exécutif de l’association de circonscription de Pointe-aux-Trembles et a lui aussi tenté sa chance aux élections de 2018 contre la libérale Dominique Anglade dans la circonscription de Saint-HenriSainte-Anne, où il a mordu la poussière. Le PQ avait alors encaissé la pire défaite de son histoire en faisant élire seulement dix députés. Il en compte seulement neuf depuis la défection de Catherine Fournier, devenue députée indépendante en mars 2019.
Or, le PQ a besoin de davantage d’appuis au sein des communautés culturelles s’il veut reprendre le pouvoir et éventuellement gagner un référendum sur la souveraineté, selon M. Oyono. « L’indépendance du Québec ne se fera pas sans les nouveaux Québécois qui ne connaissent pas le PQ en dehors de comment il est décrit par ses adversaires », constatait-il en février dans son rapport sur ses 100 premiers jours à la présidence du parti.
Charte des valeurs québécoises, application de la laïcité de l’État aux éducatrices en garderie et non-reconnaissance du racisme systémique, les positions du Parti québécois d’hier et d’aujourd’hui semblent pourtant l’avoir éloigné des nouveaux arrivants. « Les gens avec qui je parle personnellement et ce que j’entends dans les différentes communautés, la position des nouveaux Québécois n’est pas très loin de la position des Québécois de façon générale, alors je ne pense pas que c’est un obstacle pour nous », a-t-il soutenu. Il rappelle que le Parti québécois avait proposé 20 mesures pour lutter contre le racisme en 2018 en s’attaquant, par exemple, à la reconnaissance des acquis. M. Oyono veut démontrer aux néo-Québécois que son parti se préoccupe des questions liées à leur intégration.
Une première rencontre a eu lieu en juin avec une dizaine de militants qui agiront à titre d’« ambassadeurs » du PQ auprès des communautés culturelles. M. Oyono planifie déjà une deuxième rencontre pour former ces nouveaux représentants. Son objectif est de recruter une trentaine de personnes qui partiront à la rencontre de toutes les communautés culturelles de leur région. « Plus les gens vont se rencontrer, plus les gens vont échanger, plus ils vont se rendre compte qu’on porte les mêmes aspirations », a affirmé celui qui a rencontré des membres des communautés haïtienne, algérienne et camerounaise durant les mois qui ont précédé la pandémie.
Ces nouveaux ambassadeurs pourraient toutefois se heurter à un autre obstacle : celui du sentiment d’appartenance des Québécois au Canada. Selon un sondage Léger réalisé pour le compte de l’Association d’études canadiennes, 80 % des Québécois — toutes origines confondues — se disent fiers d’être Canadiens. Le sondage non probabiliste a été réalisé en ligne auprès de 1514 Canadiens, dont 414 Québécois.
M. Oyono estime que ce résultat surprenant est dû aux circonstances actuelles. « On sort d’une pandémie, le gouvernement fédéral a ouvert les vannes avec la Prestation canadienne d’urgence et la Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants et toutes ces mesureslà, ta-t-il avancé. Je pense que les gens qui ont répondu ont encore tout ça en tête et ont probablement en tête ce qui s’est passé dans nos CHSLD à l’opposé de ce qui s’est passé dans les résidences pour personnes aînées ailleurs au Canada. » Il demeure convaincu qu’en prenant le temps d’expliquer le projet d’indépendance du Québec, certains nouveaux arrivants vont finir par y adhérer.
Le président du PQ souhaite former une trentaine d’« ambassadeurs » qui partiront à la rencontre des différentes communautés culturelles